Deux « experts » français sont mis en cause pour des analyses à connotation ethnique, jugées potentiellement désastreuses sur la situation du pays.
Tribune. Dans un débat sur le Sahel, le 14 mai sur la chaîne française LCI, Alexandre del Valle, qui se présente comme géopolitologue, consultant et essayiste, a jugé que le fond du problème au Mali n’est autre que « les gens du nord non noirs, non africains, ne veulent pas vivre avec leurs anciens esclaves du sud. Et les anciens esclaves du sud veulent se venger des anciens esclavagistes du nord. C’est comme si on oblige deux personnes qui veulent divorcer, se battent régulièrement, à rester mariées. » Auparavant, le 12 mai, le général Jean-Bernard Pinatel avait déclaré que « la situation ne se stabilisera que si Bamako consent à faire évoluer le statut de l’Azawad, car les Touareg et les Peuls refusent toujours de se soumettre aux Noirs du sud ».
On est en droit de s’interroger sur les intérêts que servent ces « experts » des plateaux de télévision, peu soucieux des conséquences potentiellement désastreuses de leurs propos dans une zone comme le centre du Mali. On note d’ailleurs chez eux une certaine obsession à donner des connotations ethniques, raciales, à des événements politiques ou sociaux. En avril, à l’annonce de la démission de l’ancien premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga, et dans un contexte de fortes suspicions entre communautés peule et dogon, on pouvait lire des titres de dépêches comme « Mali : le premier ministre démissionne à la suite du massacre de Peuls. »Les jours suivants, c’était l’appartenance ethnique – peule – du nouveau premier ministre qui était en avant pour justifier le choix du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Lire la suite de l’article sur le site du journal Le Monde : https://www-org.lemonde.fr/afrique/article/2019/05/28/le-mali-ne-doit-pas-devenir-un-fonds-de-commerce-pour-les-apprentis-sorciers-de-la-geopolitique_5468759_3212.html
Auteurs : Sega Diarrah, politologue ; Bokar Sangaré, journaliste et chercheur ; Madina Thiam, historienne ; Aboubacar Ibrahim,journaliste ; Mohamed Maïga, ingénieur social et consultant sur les questions territoriales ; Alhoudourou Maïga, journaliste et analyste sur les questions de sécurité au Sahel ; Boubacar Salif Traoré,consultant, directeur d’Afriglob ; Yvan Guichaoua, chercheur ;Fatouma Harber, militante ; Dougoukolo Alpha Oumar Ba-Konaré, psychologue ; Ismaïla Samba Traoré, écrivain et éditeur ;Fatoumata Keïta, écrivaine ; Mahamadou Cissé, politologue ;Benbere, plate-forme de blogueurs