En réaction au mouvement social qui déchaine la France à propos de la réforme des retraites, l’Iran se permet de faire la leçon à Emmanuel Macron en clamant haut et fort que « ceux qui sèment le vent récoltent la tempête ».
Pourquoi une déclaration aussi radicale à l’encontre de la France au moment où celle-ci traverse l’une des périodes les plus délicates de son histoire depuis le mouvement des gilets jaunes.
L’histoire est sans doute un éternel va-et-vient. Au regard de cet état de fait, les Etats se retrouvent dans un jeu bien assez étrange : ceux qui ont raison aujourd’hui ne sont pas forcément ceux qui auront raison demain. Les faits sociaux échappant au contrôle des gouvernants deviennent illico des opportunités à saisir par leurs opposants internes et internationaux. C’est d’ailleurs ce que l’on constate actuellement entre notamment la France et l’Iran, deux Etats aux antipodes de l’un et de l’autre.
FRANCE ET IRAN, DEUX VISIONS DIFFÉRENTES DU MONDES
C’est presqu’une évidence absolue que l’Iran, régime autoritaire et non moins l’un des plus rigides au monde soit opposé sur la scène internationale à la France, qui est une démocratie libérale et respectueuse des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Ainsi, il n’est pas rare que les dirigeants français tiennent des discours rigoureux à l’encontre de l’Iran qui figure dans la liste des « rocks states » (Etats voyous) des Etats-Unis (USA). En effet, la République islamique d’Iran n’a pas bonne presse sur la scène internationale. Une situation qui s’explique par le mastodonte des sanctions imposées à ce pays par les USA. En outre, l’image de l’Iran demeure ternie sur la scène internationale à cause de la pratique malsaine de la diplomatie des otages à laquelle s’adonne son gouvernement depuis déjà quelques années.
L’arrestation d’étrangers occidentaux dans le but de prendre l’ascendant sur certains pays comme la France ou les USA dans des processus de négociations portant sur des dossiers les plus brulants explique aussi la froideur de ces Etats envers l’Iran. C’est ainsi que les Etats occidentaux ne ratent jamais d’occasion pour dénoncer, voire dénigrer le République islamique d’Iran qu’ils qualifient de régime de dictature.
Aujourd’hui, l’actualité politique française, dominée particulièrement par les manifestations de rue contre la nouvelle réforme des retraites fait de la France la nouvelle risée de l’Iran.
EMMANUEL MACRON, LA RISÉE DE TÉHÉRAN
S’inscrivant dans une logique d’opposition, le ministre des affaires étrangères iranien, Nasser Kanani, a appelé vendredi la France à « écouter » les opposants à la réforme des retraites, au lendemain d’une nouvelle journée de protestation marquée par des heurts et des violences.
Ces propos du ministre des affaires étrangères iranien visent à déconstruire la posture de la France sur la scène internationale qui, depuis les années 1990 grâce à la conférence de la Baule, se place en donneur de leçon de démocratie et bonne gestion des mouvements sociaux.
D’après le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, plus de 450 personnes ont été interpellées et 441 policiers et gendarmes blessés ce jeudi lors des manifestations. Toute chose qui renforce la légitimité de Téhéran de s’en prendre au gouvernement d’Emmanuel Macron.
« Cette sorte de violence contredit le fait de donner aux autres des leçons de morale. Nous ne soutenons pas les destructions ni les émeutes, mais nous maintenons qu’au lieu de créer le chaos dans d’autres pays, vous devriez écouter la voix de votre peuple et éviter de faire usage de violence à son égard » ajoute le ministre des affaires étrangères iranien, une manière pour lui d’enfoncer le clou.
Ballan DIAKITE, politologue.