Le président américain a tenu par tous les moyens, même en dépit de la guerre en Ukraine, à l’organisation de son grand sommet pour la démocratie, le deuxième du genre. Officiellement, 121 pays étaient invités à prendre part à ce rendez-vous international. Si la démocratie demeure une aspiration profonde de tous les peuples du monde, il reste cependant à savoir si les Etats-Unis suscitent toujours l’adhésion des autres Etats du monde pour se placer en chef de fil de la démocratie.
En effet, du mercredi 29 au jeudi 30 mars, la Maison Blanche a organisé sous les auspices du président fédéral Joe Biden, la deuxième édition du Sommet pour la Démocratie. 121 Etats étaient conviés à travers le monde entier (Afrique, Asie, Amérique du Sud) afin de concrétiser, pour la deuxième fois consécutive, ce grand projet politique de Biden.
Néanmoins, dans un contexte mondial dominé par la crise économique et l’inflation galopante, à laquelle s’ajoute la guerre en Ukraine qui est entrain de chambouler toutes les certitudes géopolitiques ; il va sans dire qu’au-delà de la promotion de la démocratie, ce Sommet apparait également comme une opportunité pour les USA de tenter de convaincre les Etats septiques dont ceux de l’Afrique qui semblent, majoritairement, se rapprocher de plus en plus de Moscou.
LA DÉMOCRATIE, UN ENJEU VITAL
Bien qu’imparfaite à certains égards, la démocratie demeure jusqu’à preuve du contraire, le meilleur régime politique que les hommes aient créé. A ce titre, elle demeure une aspiration profonde de tous les peuples du monde. C’est une valeur universelle qui connait des applications différenciées selon les époques et les sociétés. Par ce fait, elle échappe à toute monopolisation exclusive d’un peuple, d’un continent ou d’une civilisation.
Toutefois, les coups d’Etat répétitifs récents au Mali ou encore au Burkina, pourrait donner l’impression à observateur extérieur que la démocratie est en chute vertigineuse sur le continent africain. Néanmoins, les évènements qui ont visés le Capitol par le fait des partisans de Donald Trump ou encore les manifestations qui déchirent actuellement la France à cause de la reforme impopulaire d’Emmanuel Macron sur les retraites, prouvent à suffisance que la démocratie n’est un acquis pour personne. A ce titre, elle nécessite un entretien quotidien et une vigilance permanente.
En outre, à la suite de la guerre illégitime et illégale en Irak et l’échec en Afghanistan après vingt ans de présence militaire sans résultat satisfaisant, les USA aurait dû comprendre mieux que n’importe qui que la démocratie ne s’exporte pas et ne s’impose pas non plus. A moins que l’enjeu soit autre qu’une simple promotion de la démocratie. Cette hypothèse reste toutefois crédible au regard de la conjoncture internationale.
LA GÉOPOLITIQUE DES USA ET LES NOUVELLES RELATIONS AVEC L’AFRIQUE
Depuis une année déjà, la guerre en Ukraine est entrain de remettre en cause l’ordre mondiale de la géopolitique des Etats. Entre pro-russes et pro- ukrainiens, cette guerre donne l’impression que l’on assiste à une nouvelle bipolarisation du monde. Mais si à l’époque de la guerre froide les USA disposaient d’une légitimité incontestée en matière de démocratie, force est de reconnaitre que cela n’est plus le cas aujourd’hui. Le vent a tourné depuis un moment. Et la guerre en Ukraine donne l’opportunité aux USA de se placer à nouveau un leader majeur dans le concert des nations.
C’est ainsi que la diplomatie américaine reste active et mobilisée partout pour faire prévaloir le narratif occidental de la guerre en Ukraine. Raison pour laquelle, à la veille juste de ce Sommet pour la Démocratie, Kamala Harris, Vice-présidente des USA était en tournée diplomatique sur le continent africain. Une tournée qui l’a emmené du Ghana au Kenya en passant d’autres Etats comme la Tanzanie où elle a dû rappeler à chaque étape de son voyage que les USA sont à fond sur le continent. La vice-présidente n’a pas manqué l’occasion de rappeler que l’Afrique est « le continent de l’avenir ». A ce titre, elle a plaidé pour plus d’investissement sur le continent.
Cette offensive diplomatique et cet intérêt renouvelé des Etats-Unis envers l’Afrique répond à une logique réaliste bien avérée qui consiste à contenir l’influence grandissante de la Chine, et récemment de la Russie, sur le continent africain. L’Afrique devient donc, le nouveau théâtre des batailles hégémoniques entre les grandes puissances du monde !
Ballan DIAKITE, Politologue, rédaction de l’ADS