Dans un Sahel miné par le terrorisme et des coups d’état à répétition, l’état de la démocratie et des droits de l’Homme apparait, avec une évidence absolue, comme une inquiétude générale et une menace réelle à prendre à bras le corps. A ce titre, devrait-on considérer l’irruption des militaires dans le champ politique comme une opportunité ou comme un défi ?
Démocratie, un concept difficile à définir
Alors que la démocratie continue son chemin avec ses faveurs à l’endroit des citoyens depuis son avènement à nos jours, force est de constater que les circonstances l’obligent à prendre plusieurs formes qui lui sont inhabituelles. Ce fait passe son chemin dans les démocraties anciennes depuis le temps des cités grecques, aux temps des Etats modernes. Connue sous la définition populaire de « pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple ». Cette formule lui servant de définition démontre la volonté du peuple à élire le dirigeant de son choix au pouvoir sans contrainte majeure. En d’autres percées de pensée, elle traduit, non seulement le respect des libertés fondamentales, mais aussi de la liberté tout court de faire ce que l’on veut dans les limites fixées par la loi. Tout comme la définition des rôles de chaque acteur concernant son fonctionnement, comme les militaires dans leur rôle de protection des citoyens, les dirigeants élus pour la satisfaction des besoins des citoyens en les rendant redevables et bien d’autres parties prenantes comme les journalistes. Pour ce faire, hormis la définition des rôles clés, chaque acteur agit dans un cercle prédéfinis par la loi.
La démocratie menacée au Sahel, un constat général
Il arrive de constater parfois des débordements soit de la part des élus pour des raisons, selon eux, préserver l’ordre public. Ce qui implique très généralement la restriction de l’espace public. Pour dire que cet espace démocratique est menacé dans de nombreux endroits dans le monde. Bon nombre de gouvernements ont adopté des lois restreignant les libertés civiques ou rendant difficile le travail ou le financement des groupes de la société civile. Dans certains cas, ils ont renforcé la surveillance des citoyens ordinaires, des militants et des organisations de la société civile ; dans d’autres cas, ils procèdent à une répression directe et à des arrestations. Surtout des mandats de dépôts en placement provisoire sans suite.
Au Sahel central, les États ne font pas totalement table rase à ce processus, mais sous les régimes actuels, l’on peut estimer qu’ils adoptent plus la posture du dernier postulat. Aussi, ces sociétés civiles sont également menacées par des acteurs non étatiques, notamment de puissantes entreprises, des groupes extrémistes de droite et des groupes fondamentalistes. Mieux, cette attitude est fréquemment remarquable sous les régimes démocratico-militaires : cas du Mali et du Burkina Faso. Puis, les coulisses d’engrenage à savoir le cas du Sénégal avec l’opposant Ousmane SONKO et du Niger par l’arrestation du Leader du mouvement M62. Ainsi, viennent s’ajouter les problèmes liés à la gouvernance politique, électorale, démocratique, sécuritaire, sociale, économique voire d’autres phénomènes en lien avec la gestion des affaires publiques. Bref, la combinaison de ces maux participe pleinement à la mise en cause de l’espace civique démocratique. Autres faits, les ruptures constitutionnelles qui agacent très souvent les populations ainsi que les activistes à sortir de leur silence pour dénoncer et se trouvent confrontés à des violations de leur droit d’exercice du métier.
La nécessité de renforcer l’espace civique démocratique
L’espace civique est l’environnement qui permet aux individus et aux groupes de participer de manière significative, en ligne et hors ligne, à la vie politique, économique, sociale et culturelle de leur société respective. Il est aussi défini comme l’obligation de l’État de respecter, en droit, en politique et en pratique, des libertés d’association, de réunion pacifique et d’expression. Ainsi que tout ce qui va avec le respect et la sauvegarde du principe des trois P (Protection – Promotion – Participation). Le respect de ces principes par les Etats du Sahel permettrait de renforcer la dynamique démocratique dans cette sous-région africaine, théâtre de toute sorte de violation de droits humains et d’attaques terroristes de tout genre.
Seydou BAMBA, Analyse politique.