Pour soutenir la pression sur les groupes djihadistes, plusieurs pays souhaitent renforcer leur coopération avec Niamey après que la rupture avec Bamako soit évidente et inévitable. L’Allemagne ne fait pas exception à la règle.
En effet, l’Allemagne restera engagée en faveur de la sécurité au Sahel après le retrait annoncé de ses troupes du Mali. Elle concentrera désormais son effort sur le Niger voisin, a déclaré mercredi 12 avril, le ministre de la défense, Boris Pistorius, à l’occasion de sa première visite dans la région.
« Notre futur engagement militaire au Sahel sera axé sur le Niger », a déclaré le ministre de la défense Allemand, Boris Pistorius dans un communiqué avant son déplacement dans ce pays et au Mali, de mercredi à vendredi. « La sécurité dans la région du Sahel est dans l’intérêt particulier de l’Allemagne. Bien que nous mettions fin à notre engagement militaire avec la Minusma, nous restons engagés dans la région », a ajouté M. Pistorius.
A la suite d’autres pays, l’Allemagne a annoncé en novembre 2022 son intention de retirer ses troupes engagées dans le cadre de la mission de l’ONU (Minusma) au Mali, pays en proie depuis 2012 à une crise aux multiples dimensions. Ce retrait interviendra d’ici à mai 2024, mais M. Pistorius s’est déjà montré sceptique sur le maintien de soldats allemands jusqu’à cette date, estimant qu’ils ne peuvent actuellement pas remplir leur mission.
Les arguments allemands
L’Allemagne prétend qu’elle souhaite participer à « Stabiliser davantage la région ». Pour maintenir la pression sur les groupes djihadistes actifs dans cette zone, plusieurs pays souhaitent renforcer leur coopération avec le Niger, considéré comme un partenaire plus fiable que le Mali.
Le gouvernement allemand a décidé en mars d’envoyer dans ce pays soixante soldats pour participer à une nouvelle mission menée par l’Union européenne (EUMPM Niger). Cette participation doit encore être discutée au Parlement allemand dans les semaines à venir.
S’exprimant à son arrivée sur une plate-forme de transport aérien à Niamey, M. Pistorius a déclaré que le soutien militaire et le soutien au développement étaient essentiels « pour stabiliser la région davantage et encore mieux que par le passé ». La base aérienne sera « d’une importance particulière (…) lorsque nous nous retirerons du Mali, car c’est ici que nous nous concentrerons après le retrait du Mali », a déclaré le ministre.
L’Allemagne et ses partenaires occidentaux prétextent que le Mali a été le théâtre en 2021 d’un second coup d’Etat en deux ans qui a raffermi la mainmise des militaires, lesquels se sont éloignés des Occidentaux pour se rapprocher notamment de la Russie.
L’Allemagne en pleine parade de séduction au Niger
Lors de la conférence de presse précédant sa visite au Niger, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, déclarait : «le centre de notre futur engagement militaire au Sahel sera au Niger». Pour marquer cette coopération, le chef de la Bundeswehr a procédé, le mercredi 12 avril 2023, à la remise d’infrastructures et d’engins roulants aux Forces Armées Nigériennes.
Le ministre nigérien de la Défense Nationale, Alkassoum Indattou, a exprimé sa gratitude envers la coopération allemande pour les nombreux appuis apportés aux FAN. Lors de cette cérémonie, qui a été co-présidée par le ministre de la Défense Nationale du Niger et le ministre allemand de la Défense, plusieurs responsables civils et militaires des deux pays ont pris part.
Cette nouvelle coopération intervient juste après un remaniement aux seins des forces armées nigériennes. Une démarche que le président Bazoum veut donner un sang neuf a son armée puisque ce remaniement a consisté en la nomination d’un nouveau chef des armées dans un contexte sécuritaire délicat dans son pays et au Sahel.
C’est ainsi que le général Salifou Mody, chef d’état- major des armées depuis 2020, est remplacé par le général de division Abdou Sidikou Issa même si aucune explication n’a été donnée officiellement par rapport à ce changement du 1er avril.
Avant sa nomination, le général Sidikou Issa, sexagénaire, était inspecteur général de l’armée et de la gendarmerie. Il avait déjà occupé de hautes responsabilités militaires, notamment celles de chef d’état-major de l’armée de terre et de commandant de la Garde nationale du Niger (GNN), autre entité à la pointe de la lutte antijihadiste. Mercredi, il a été promu général de division par un décret présidentiel, Salifou Mody étant, quant à lui, promu général de corps d’armée. D’après un responsable nigérien à l’AFP « Ce qui est certain, c’est que le départ du général Mody est tout sauf une sanction ».
M. Pistorius, nommé ministre de la défense en janvier, est accompagné dans son voyage par la ministre du développement, Svenja Schulze.
Toutefois, cette nouvelle coopération Allemagne- Niger au Sahel ne saurait porter ses fruits que si pour une fois les occidentaux jouent franc jeu et que les autorités nigériennes réussissent à créer un cadre et une méthode de travail d’égal a égal dans le respect des intérêts supérieurs du Niger.
Kadiatou CAMARA, journaliste ADS