Le Mali est l’un des 3 plus importants producteurs d’or en Afrique. Le pays, malgré la crise qui perdure depuis une dizaine d’années, a maintenu ses performances minières. En 2019, le pays a produit 65 tonnes d’or. Mais l’or malien est source de tensions et d’envies.
En effet, l’or constitue l’une des ressources les plus privilégiées destinées à l’exportation. Toutefois, la production de l’or ne bénéficie à l’Etat malien qu’à hauteur de 25% environ. Cette situation pousse certains maliens à conclure que l’or malien ne brille pas pour les maliens. Comment renverser cette tendance ? Que faire augmenter la part de l’Etat dans l’exploitation de l’or malien ? Les autorités de la transition ont posé certains jalons qui aident à répondre à ces questions.
L’or malien a attiré l’attention
Avec le coup d’État de 2018, l’or malien est devenu une ressource encore plus précieuse car vitale pour une économie en crise. Une économie qui a connu de grandes restrictions avec des visées d’étouffement du système politique en place. C’est le cas de l’embargo de la Cédéao par exemple. Dans ce contexte, l’attention est longtemps restée sur l’or car il s’agit de pratiquement la ressource la plus importante actuellement exploitée dans le pays.
Le désir d’un or souverain
Dès le second coup d’Etat, les militaires ont eu un œil sur les vertus de cet or dans les perspectives souverainistes pleinement affirmées. Cette volonté a rapidement conduit à un audit interne du secteur minier déclenché en janvier 2023. Pour les militaires au pouvoir et en premier lieu le Colonel Assimi Goïta, également président de la transition, la perspective était claire. Il fallait faire l’état du secteur et faire en sorte que la production minière et particulièrement celle aurifère profite à l’Etat.
Un audit réalisé difficilement
Les constats suite à cet audit étaient assez majeurs : le partage inéquitable des bénéfices liés à la production minière et surtout celle de l’or, des allègements fiscaux en faveur des opérateurs miniers beaucoup trop importants, les carences dans le transfert de compétences et de technologies, et le constat qu’il y avait finalement très peu de cadres locaux employés par les entreprises minières.
Une révision du code minier pas si évidente
Sur la base du rapport d’audit remis au président de la transition, Assimi Goïta, des négociations avec les acteurs du secteur avaient débuté rapidement. Un projet de texte a été présenté par le gouvernement aux acteurs du secteur minier comme base de négociations. Le gouvernement souhaite en effet des évolutions majeures parmi lesquelles on retrouve la hausse de la participation directe de l’Etat dans les projets miniers autorisés avec par conséquent des bénéfices beaucoup plus importants, plus de cadres dans locaux dans les entreprises minières, l’assurance d’un transfert de compétences et l’assurance d’un transfert de technologies. Les négociations sont toujours en cours. Le gouvernement souhaite par ailleurs rapidement un texte concerté pour adoption.
I. DIARRA, analyste pour l’ADS