Face aux graves impacts de l’inflation et les conséquences sur la sécurité alimentaire, le président Bola Tinubu a décrété l’état d’urgence le 13 juillet dernier sur l’ensemble du territoire fédéral.
Avec une population estimée à près de 213 millions d’habitants, le Nigéria fait face à une des plus graves crises alimentaires de son histoire. La poursuite des conflits, le changement climatique, l’inflation et la hausse des prix des denrées alimentaires sont les principaux sont les principaux facteurs de cette crise alimentaire.
Une crise alimentaire inédite par le nombre de personnes touchées
Il y a quelques jours, c’était au tour des Nations Unies de tirer la sonnette d’alarme. En effet, dans un rapport sur le pays, l’Onu signale que près de 25 millions de nigérians risquent d’être confrontés à la faim entre juin et août 2023. Parmi ces 25 millions de personnes, il y a environ 6 millions d’enfants de moins de 5 ans. Pour l’Onu, la situation déjà fragile pourrait rapidement s’aggraver si des mesures urgentes ne sont pas prises. Alors, c’est dans ce contexte que cette décision du Président nigérian, tout nouvellement arrivé, vient de prendre cette décision qui aura des conséquences économiques importantes.
La tendance inflationniste et à l’inconstance de l’approvisionnement
La crise est profonde et ses conséquences sont divers et suffisamment graves comme on peut le lire dans le communiqué de la Présidence nigériane « n’est pas sans savoir que le coût des denrées alimentaires est en hausse et que cela affecte les citoyens … si la disponibilité n’est pas un problème, l’accessibilité financière est un problème majeur pour de nombreux Nigérians dans toutes les régions du pays ».
L’inconstance dans la production agricole nigériane, les sévères crises sectorielles et les impacts économiques de la guerre en Ukraine se font sentir au Nigéria et perturberont encore pour longtemps l’économie de la première puissance économique du continent.
Les solutions nigérianes sont là mais encore insuffisantes
Des solutions sont clairement évoquées pour être mises en œuvre rapidement car le Nigéria a besoin de résultats. Parmi ces solutions, le gouvernement fédéral a décidé d’intensifier la fourniture d’engrais et de céréales aux agriculteurs sur l’ensemble du territoire fédéral afin de limiter les impacts de la suppression de certaines subventions majeures, une assistance aux ménages dans le but d’atténuer au maximum les impacts de la crise et des dernières décisions sur les subventions. Le gouvernement fédéral prévoit également dans son plan la création d’un Conseil national des produits pour examiner et évaluer en permanence les prix des denrées alimentaires. C’est en effet à ce niveau que les observateurs accusent le plus durement le gouvernement nigérian, car il est finalement très en recul face à la question de l’évolution des prix des denrées. Une posture décriée depuis plusieurs années mais que le nouveau gouvernement semble vouloir faire évoluer avec notamment le maintien d’une réserve alimentaire stratégique. Dans cette liste de mesures économiques d’urgence, il est prévu de sursoir en quelque sorte à la décision de la suppression intensive des subventions en acceptant l’idée de garder une perspective sur des financements concessionnels dans le secteur agricole spécifiquement pour répondre à la grande problématique des engrais, mais aussi pour maintenir la modernisation et la mécanisation du secteur.