Lors de son discours, le jeudi dernier, le Général Thiani a annoncé la rupture inédite des accords de coopération militaire entre le Niger et la France. Et les conséquences peuvent être très profondes.
Dans son discours, l’ancien chef de la garde présidentielle a annoncé la rupture du protocole additionnel du 28 avril 2020. Ce protocole représente à plusieurs égards un cadre d’action hautement stratégique. Cet accord du 25 mars 2013 cadre le régime juridique de l’intervention militaire française au Niger pour la sécurité au Sahel. Ce protocole vient cadrer également l’accord du 19 juillet 2013 sur le statut des militaires français présents au Niger dans le cadre de l’intervention française au Sahel. Par extension, c’est ce même cadre qui régit le statut des troupes non français de la force Takouba.
Avec cet acte le Niger a montré clairement qu’il ne compte plus désormais sur le partenariat avec la France dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Un acte qui pourrait sans avoir des conséquences multiples.
L’armée française n’est pas d’accord
Bien avant ce discours du général Thiani, le porte-parole de l’armée française avait déclaré le mercredi sur AfricaNews et AP que « toute coopération avec le Niger dans les domaines de l’aide au développement, de l’aide financière et des partenariats militaires était suspendue jusqu’à nouvel ordre », il a également rajouté que « tous les accords militaires avaient été conclus avec les autorités démocratiquement élues du Niger et qu’ils avaient été suspendus tant que ces autorités n’étaient pas au pouvoir ». Ce qui revient à comprendre que la France ne reconnait pas, à ce jour, aucune légalité ni même de légitimité dans les actes posés par les putschistes.
Cinq conventions cadres paient le prix d’une profonde divergence
En outre, il est important de signaler qu’avec cette intervention, le Général Thiani et le CNSP viennent rompre d’office cinq (5) conventions. Il s’agît de l’accord de coopération militaire et technique de 1977, de l’accord sur le régime juridique de l’intervention des militaires français au Niger signé en 2012, de l’accord sur le statut des militaires français présents au Niger signé en 2013. Ce discours de rupture du chef du CNSP vient dénoncer également un accord technique de grande influence. Il s’agit de l’accord de 2015 sur le stationnement et les activités du détachement interarmées français au Niger. Enfin, ce discours vient également rompre le protocole additionnel de 2020 relatif à l’opération Takuba.
Comme un vent russe sur Niamey
Il faut rappeler que le coup d’État a rapidement amené les généraux à lever une délégation vers Bamako. Et ce n’est pas une moindre délégation. Le numéro 2 du CNSP en occurrence le général Salifou Mody, ancien chef d’Etat-major général des Armées nigériennes, était à la tête de cette délégation. Que s’est-il passé à Bamako qui aurait conduit à cette rupture de la coopération militaire entre le Niger et la France. Tout ou presque. Bamako a déjà rompu tous les accords de coopération militaire avec Paris et s’est tourné définitivement vers la Russie. Alors, il est presque certain que le discours pro Russie du Colonel Assimi Goïta n’a pas laissé le général Salifou insensible.
Oumar KEITA, Analyste pour l’Analyse de la Semaine