Depuis quelques semaines, on assiste à une reprise des hostilités entre l’armée malienne et certains Mouvements indépendantistes du Nord, notamment, autour de la rétrocession des emprises de la Minusma. Les altercations de Ber, le 14 août 2023 et celles de Bourem récemment, le 12 septembre 2023 sont une parfaite illustration de la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
La résolution 2690 du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) semble marquer le déclin et la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation du processus d’Alger, signé en 2015 entre le gouvernement du Mali et les ex-rebelles touaregs.
Si la première phase de la rétrocession des emprises de la Minusma à l’Etat malien s’est achevée avec des incidents notoires au niveau de Ber, la seconde qui a commencé en début septembre s’annonce plutôt fatale pour la survie même de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Les ex-rebelles refusent que l’armée malienne récupère les bases de la Minusma dans les zones sous leur contrôle. L’on se rappelle d’ailleurs de l’altercation violente entre les deux parties, le 14 août dernier, où les combattants de la Coordination des Mouvement de l’Azawad (CMA) ont tenté, à visage découvert, de repousser l’armée malienne.
La perte de Ber, bien que stratégique, n’est rien comparée à la région de Kidal sous le commandement total des indépendantistes depuis 2012
Pour le porte-parole de la CMA, Attaye Ag Mohamed dans un Tweet à cette date, « l’important est que la Mission quitte dans le délai imparti et en toute sécurité. Qu’elle ne rétrocède ses emprises problématiques à aucune des parties du moment où elle n’a pas su trouver un consensus entre celles-ci sur la base des arrangements sécuritaires signés ».
En effet, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) dénonce une « violation » des arrangements sécuritaires ayant permis de garder cette zone sous son contrôle et garantis par la mission onusienne et la communauté internationale.
Pourtant, il y’a pire, la région de Kidal, base arrière et symbole de la lutte de libération de l’Azawad figure en bonne place parmi les localités devant retourner au contrôle de l’Etat du Mali.
Dans le calendrier de rétrocession des emprises de la Minusma, la base de Kidal sera officiellement cédée aux Forces armées maliennes (FAMa) ce mois de septembre qui déploient tous les moyens pour récupérer cette zone. « Il n’aura pas de vide sécuritaire après la Minusma » rassure l’état-major général des armées.
Qu’à cela ne tienne, c’est la population civile qui paie le prix cher de cette attitude égocentrique des deux parties qui pouvaient juste trouver une solution arrangée d’autant plus qu’elles reconnaissent toutes les deux dans l’Accord qui les réunies, l’intégrité du territoire national du Mali.
Hélas, le cessez-le-feu est rompu et le 7 septembre 2023, un attentat inconnu de tous se produit contre un bateau de la compagnie malienne de navigation dénommé « Tombouctou » ou des centaines de civils sont encore sauvagement tués.
Quelques jours avant ce désastre, un petit bateau avait été également attaqué par ces « hommes armés non identifiés » dans le secteur de Nianfunke causant comme toujours, des morts et des blessés, dont des petits enfants.
A ces attaques s’ajoutent des blocus sur de nombreuses localités dont celui sur la région de Tombouctou et ses séquelles sur l’axe Boni Hombori et autres.
Cette d’attaque nous fait revivre le scénario de 2012-2013 où par soif d’annexer les trois régions du Nord, le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) avait fait des alliances diaboliques avec des extrémistes comme le Mudjao, le Ansar Din qui ont fini par lui consumer lui-même.
Si toutefois, les ex-rebelles veulent la paix pour les populations au nom desquelles ils prétendent agir, ils doivent immédiatement rompre avec les groupes djihadistes et accepter de revenir sur la table des négociations avec la partie malienne qui, jusque-là, dit inscrire ses actions dans le respect de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Entre Maliens, aucun sacrifice n’est de trop. Le dialogue demeure à ce titre, l’ultime voie de sortie de crise.
Issa Djiguiba, Journaliste à L’Analyse de la semaine