L’Algérie propose ses missions de bons offices pour faciliter la résolution de la crise nigérienne. Cette offre de médiation a été la « bienvenue » pour les autorités de la transition qui, depuis le 26 juillet, étaient visées par la menace d’une intervention militaire de la communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Parallèlement au plan d’intervention militaire de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour déloger les auteurs du coup d’état militaires au Niger, l’Algérie propose sa médiation de sortie de crise. Cette offre de solution politique entre dans le cadre d’un plan de règlement présenté par le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour éviter une intervention militaire aux conséquences lourdement désastreuses pour toute la région du Sahel.
D’ailleurs pour beaucoup d’observateurs de la crise sécuritaire de l’Afrique en général, la situation particulière du Sahel est une conséquence directe de l’intervention de l’OTAN en Lybie contre Mouammar Kadhafi, en 2011.
Donc si l’intervention militaire contre Kadhafi visait la seule armée libyenne à l’époque, celle dressée aujourd’hui contre le Niger fera face, non seulement à l’armée nigérienne, mais aussi à l’ensemble des forces armées maliennes et Burkinabè qui ont ouvertement manifesté leur soutien à leur voisin, le Niger, en cas d’une « agression » de l’organisation sous régionale CEDEAO contre ce pays. D’ailleurs au-delà des simples déclarations, les trois pays en transition (le Mali, le Burkina Faso et le Niger), partageant également la zone dite des trois frontières ont concrétisé leur solidarité par la formation, le 16 septembre 2023, d’une alliance des Etats du Sahel (AES) à travers la charte de Liptako-Gourma permettant désormais à chaque Etat membre de cette alliance d’être automatiquement secouru y compris militairement par les deux autres en cas de trouble en son sein ou de menaces extérieures. Donc, pour souligner que cette thèse d’une intervention militaire s’avèrerait extrêmement dangereuse, non seulement pour la situation séculaire dans le Sahel qui va forcément s’empirer avec les groupes jihadistes et terroristes, mais aussi et surtout pour la survie de l’organisation commune qui est CEDEAO et les relations individuelles entre tous les pays membres.
C’est pourquoi d’ailleurs, cette offre de médiation algérienne a été très vite et bien accueillie par la république fédérale du Nigéria assurant la présidence tournante de la CEDEAO qui était l’instigateur principal d’une d’intervention militaire au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel. Une occasion pour le ministre des affaires étrangère du Nigeria de souligner que même si la menace d’une intervention militaire était sur la table de la CEDEAO, l’option diplomatique a été toujours privilégiée.
En revanche, il faut admettre que cette proposition médiatique est loin d’être une panacée, car de nouvelles tractations pourraient à nouveau bien avoir lieu, cette fois-ci, autour de la durée et du statut de ceux qui auront en charge de conduire cette transition.
Loin d’imaginer un possible retour de Mohamed Bazoum au pouvoir, qui même s’il continu d’être revendiqué par les partisans du président déchu et certains défenseurs nationaux et internationaux de la démocratie, qui ne serait pas possible du fait qu’il ne donne aucune garantie pour les auteurs du coup d’état.
Les questions qui feront sans doute l’objet de négociation sont celles en rapport avec le délai et la figure des personnalités qui auront en charge de conduire la transition.
Déjà du côté des militaires, c’est seulement au peuple de déterminer le sort de la transition. Une autre certaine victoire pour le général Abdourahamane Tiani et ses hommes d’autant plus qu’ils ont le soutien total de la population. C’est d’ailleurs ces soutiens massifs de la population témoignés par plusieurs manifestations dans les rues de Niamey et à l’intérieur du pays qui a fait fléchir la France qui, à un moment donné, était catégorique sur le sort de son ambassadeur et de ses soldats sur le sol nigérien. Mais l’ancienne puissance colonisatrice a été obligé tout comme au Mali et au Burkina Faso de mettre fin à sa présence militaire au Niger.
L’état-major général de l’armée française a confirmé le début de son retrait cette semaine au Niger qui doit s’achever avant la fin de l’année.
En ce qui concerne la médiation algérienne, au-delà de décrisper la situation de menace d’intervention militaire, n’aura cependant pas assez de chance d’aboutir elle aussi, vue le cas similaire précédant au Mali renforcé par la CEDEAO qui continue de perdre toute sa crédibilité.
Issa Djiguiba, journaliste à L’Analyse de la semaine