Avec ses 38 Etats côtiers et insulaires, sans oublier un littoral de plus de 47000 km dont elle dispose, l’Afrique présente certainement une grande opportunité pour le développement de l’économie bleue.
La notion d’économie bleue fait écho au développement durable. C’est un concept économique qui est relatif à des activités économiques liées aux océans, aux mers et à leurs côtes. L’économie bleue renvoie en outre à l’utilisation durable et la conservation des ressources aquatiques dans les environnements marins et d’eaux douces. Il est important de parler de ce concept à un moment où l’humanité fait face à une des grandes menaces liées à sa propre conservation, à savoir le réchauffement climatique. A ce titre, l’économie bleue présente un enjeu majeur pour l’Afrique…
Un continent engagé pour la promotion de l’économie bleue
En effet, l’Afrique est le continent le plus menacé lorsqu’on évoque les conséquences du dérèglement climatique. Bien que sa participation soit marginale en termes d’émission de gaz à effet de serre, le continent paie pourtant lourdement les séquelles du réchauffement climatique. Entre hausse des températures, sécheresses, érosion des côtes, risques d’affaissement des sols et inondations, etc. les défis climatiques du continent africain sont immenses. A cet égard, les chefs d’Etats africains ont compris qu’il faut des réponses communes, mais surtout rapides, à la hauteur des enjeux. C’est pour cette raison que le continent est engagé durant ces dernières années à sensibiliser et à mobiliser les moyens nécessaires pour faire face au défi climatique.
L’économie bleue, un atout pour le continent
Il y a sans doute un grand potentiel pour l’Afrique dans le domaine de l’économie bleue. L’expansion de la pêche, de l’aquaculture, du tourisme, des transports et des ports maritimes peut contribuer à réduire la pauvreté et à améliorer la sécurité alimentaire et énergétique, l’emploi, la croissance économique et les exportations, la santé des océans et l’utilisation durable des ressources marines.
En Afrique, plus de 12 millions de personnes travaillent dans le secteur de la pêche qui assure la sécurité alimentaire de plus de 200 millions d’Africains et génère une valeur ajoutée de plus de 24 milliards de dollars, soit 1,26% du PIB de l’ensemble des pays africains. A ce titre le Maroc fait partie de ces pays africains où l’apport de la pêche est déterminant dans l’économie nationale. C’est l’un des plus importants secteurs d’activité du royaume Chérifien. Sa contribution au Produit Intérieur Brut (P.I.B) a été de l’ordre de 2,3% en moyenne durant les 10 dernières années. En termes d’emplois, la filière pêche génère plus de 220 000 emplois directs et près de 500 000 emplois indirects.
Le Maroc, un modèle dans le secteur de la pêche
Avec sa double façade maritime, atlantique et méditerranéenne, le Maroc dispose de 3500 km de côtes riches et variées. Ce grand atout maritime fait que le pays est considéré comme le premier producteur de poissons en Afrique et le premier producteur et exportateur de sardine au monde. Cette situation a amené le Maroc à établir des relations de coopération dans le domaine de la pêche avec notamment l’Union européenne (UE) et la Russie. A ce titre, les autres Etats du continent peuvent s’inspirer du modèle marocain pour faire promouvoir le secteur de la pêche et de l’économie maritime à l’échelle régionale. Car s’il y a lieu d’agir en synergie pour faire face aux défis communs, les Etats du continent peuvent en même temps mutualiser leurs expériences afin d’aboutir sur des résultats communément satisfaisants.
Les opportunités ne manquent pas pour le continent
Indiscutablement, il existe d’immenses opportunités pour la croissance de l’économie bleue en Afrique, notamment dans les secteurs de la pêche, du tourisme ou encore dans le secteur du transport maritime. C’est une grande opportunité pour le continent afin de tirer profit du commerce international autrement que par des voies uniquement terrestres. A ce titre, rappelons que 90% de la facilitation du commerce mondial en volume et 70% en valeur se fait par voie maritime.
Toutefois, il y a lieu de reconsidérer certains défis si l’on veut pleinement tirer profit des dividendes de l’économie bleue en Afrique. Au premier rang desquels défis il y a l’insécurité maritime et les activités humaines non durables. La pêche excessive est aussi une dérive qu’il convient de souligner. En outre, la faiblesse du cadre juridique, politique, réglementaire et institutionnel, la mauvaise planification ainsi que l’absence d’une réglementation du développement côtier exacerbent les problèmes déjà existants. Il faut donc promouvoir le droit de la mer en Afrique et l’adapter au mieux aux enjeux du développement durable et de la lutte contre le réchauffement climatique.
Ballan DIAKITE, Politologue