Le conflit Israélo-palestinien, dont les origines remontent à la création de l’Etat d’Israël au sortir de la deuxième guerre mondiale, est entré dans une nouvelle phase de tension après une attaque surprise du Hamas d’une ampleur inédite, le samedi 07 octobre 2023.
Selon les dernières estimations, l’attaque a fait au moins 1400 morts du côté israélien dont 900 civils environ. Le bilan de la riposte de l’Armée israélienne s’élève à plus de 4000 morts dans la bande de Gaza.
Genèse du conflit
En effet, pour comprendre ce conflit, il faut remonter à la déclaration de Balfour de 1917 dans laquelle les britanniques, compte tenu du climat d’antisémitisme en Europe propagé par la première guerre mondiale, annoncent leur volonté de créer un Etat juif en Palestine alors essentiellement habitée par les populations arabes en majorité musulmane.
A la fin de la deuxième guerre mondiale, la Grande-Bretagne confie le territoire aux Nations Unies, qui adopta en 1947 la résolution 181 qui partage le territoire entre l’Etat juif (55 %) et l’Etat arabe (45 %). Cette solution est rejetée par les palestiniens et les Etats arabes. Plusieurs Etats arabes (Syrie, Liban, Jordanie, Irak, Égypte) déclarent la guerre à l’État d’Israël dès sa proclamation.
A la fin de la guerre en 1949, Israël a pris l’avantage et s’étend alors sur 78% de l’ancienne Palestine, soit 23 % de plus que ce que le plan de partage de 1947 le lui accordait, entrainant de grandes vagues de refugiés palestiniens vers les Etats voisins.
De sa création à aujourd’hui, plus d’une dizaine de guerre a eu lieu entre Israël et ses voisins arabes. Depuis les années 2000, le conflit israélo-palestinien a enregistré plus 13700 morts côté palestinien et 2700 côté israélien.
Un conflit qui divise la communauté internationale
Sur la question du Proche-Orient, la communauté internationale reste divisée. Les Etats occidentaux soutiennent majoritairement Israël et défendent son droit à l’autodéfense. De l’autre côté, les Etats membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et du groupe arabe condamnent les frappes aériennes israéliennes contre Gaza tout en exprimant leur soutien au peuple palestinien et à son droit à l’autodétermination.
Le Droit international en permanence violé par les deux Parties
Ce conflit est celui qui fait observer la plus grande violation du Droit international humanitaire depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La quatrième Convention de Genève du 12 août 1949 protège la population civile et précise les droits et les obligations d’Israël en tant que puissance occupante. Elle doit être intégralement respectée en toutes circonstances.
Or, le Droit international humanitaire, et plus particulièrement la quatrième Convention de Genève, ainsi que le droit international des droits de l’homme sont régulièrement violés dans les territoires palestiniens occupés. A chaque regain de tension, entre les deux parties, Israël procède à une sanction collective contre la population palestinienne.
Ces dernières années l’Etat hébreux riposte à chaque attaque aux roquettes sur son territoire par des frappes aériennes massives. L’explosion survenue à l’hôpital Al-Ahli de Gaza le 17 octobre 2023 faisant plusieurs centaines de morts en est une parfaite illustration. S’il faut noter que l’attaque du Hamas contre Israël n’a pas respecté les règles de conduite des hostilités, notamment le principe de distinction entre les combattants et les populations civiles. Il faut souligner toutefois, que les actions entreprises par Israël (siège total sur la bande de Gaza et plus 6 000 bombes larguées) ne se justifient pas non plus du point de vue du droit international.
En effet, même dans le cadre de la légitime défense, tout emploi de la force doit être raisonnable, proportionné et encadré par le principe de nécessité militaire. Or, ce principe ne peut être invoqué pour justifier la violation du droit, en l’occurrence le droit international humanitaire.
Par ailleurs, les colonies israéliennes de peuplement (les colonies) violent également le droit international humanitaire et portent gravement atteinte aux droits de l’homme, notamment aux droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de la population palestinienne, ainsi qu’à son droit à l’autodétermination. Aussi, selon l’Avis consultatif de la Cour International de Justice du 9 juillet 2004, l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé est illégale en droit international.
Quelle solution à ce conflit vieux de plus de 70 ans ?
Aujourd’hui la solution la plus envisagée par la communauté internationale au Proche Orient est la solution à deux Etats. C’est bien cette solution que les Etats membres des Nations unies ont préconisé à plusieurs reprises. Même les États-Unis, allié indéfectible d’Israël, se disent favorables à cette solution. Toutefois, il est logique de se poser la question de la faisabilité de ce plan à deux Etats tant les forces en présence sont déséquilibrées en faveur d’Israël et tant les soutiens occidentaux à Israël sont absolus et aveugles. Résultat : Israël ne veut faire aucun compromis pour arriver à une paix durable.
En effet, la colonisation de la Cisjordanie est l’un des obstacles majeurs à la solution à deux États. Pendant que les deux parties tentent de négocier, Israël poursuit la colonisation avec de nouveaux programmes de construction de logements pour les colons. Aujourd’hui, on est face à un territoire qui est sous le contrôle de l’armée israélienne et géré par le seul gouvernement israëlien.
Or, Conformément à la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies, sont reconnues comme limites du territoire de l’Etat d’Israël, les frontières prévalant à la veille de la Guerre des Six Jours du 5 au 10 juin 1967 (« ligne verte »). Les organes des Nations Unies, y compris la Cour Internationale de Justice et le Conseil de sécurité, ont régulièrement affirmé que tous les territoires contrôlés ou annexés par Israël et situés au-delà des frontières de 1967 sont occupés au sens du droit international humanitaire.
Par cette politique d’extension des colonies, Israël met la communauté internationale devant le fait accompli. Sa volonté de réduire la bande de Gaza en poussière participe à sa stratégie de faire fuir les populations palestiniennes vers les pays voisins et y installer de nouvelles colonies.
Outre la question des colonies, le deuxième obstacle est le statut de Jérusalem-Est qui est prévu par la solution à deux Etats comme la capitale du futur Etat de la Palestine. C’est là où se trouve l’esplanade des Mosquées que les Juifs appellent le Mont du Temple, c’est le troisième lieu saint de l’islam, littéralement superposé sur le premier lieu saint du judaïsme. Et aucun compromis ne semble possible sur cette question. Sur le terrain, Israël contrôle Jérusalem et en a fait sa capitale, une et indivisible. Son principal allié y a même transféré son Ambassade. Chose qui ne facilitera pas la mise en œuvre d’une solution à deux Etats.
Enfin, la division de la classe politique palestinienne démontre une crise des objectifs et des méthodes, une crise de confiance et de légitimité, qui pourrait bien constituer un obstacle à la lutte pour l’indépendance d’un Etat palestinien. La division profonde entre les deux principaux mouvements politiques palestiniens, Fatah et Hamas (et de plus en plus au sein même du premier), a considérablement desservi la cause palestinienne.
Quant au Hamas qui est le principal interlocuteur de la Communauté internationale dans la bande de Gaza, il est déjà inscrit sur la liste des organisations terroristes par plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Canada…) et risque de l’être aussi, depuis l’attaque du 7 octobre 2023, par les Nations Unies. Si cela se confirmait, les impacts seront négatifs sur tout processus de négociation d’une solution à deux Etats, dans la mesure où cette négociation se fera sans le Hamas d’où la probabilité de son échec.