Tout est parti d’un courrier du Quai d’Orsay demandant la suspension des projets de coopération culturelle avec des ressortissants du Niger, du Mali et du Burkina Faso. Comme de l’encre versée, ce courrier va finalement générer une vague d’indignation dans la sphère culturelle francophone.
En effet, la crise diplomatique entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest n’est plus un secret pour personne. Tout à commencer avec le Mali, puis le Burkina et ensuite le Niger. Du rappel des ambassadeurs à la suspension des visas en passant par le gel des projets de coopération culturelle, on est en droit à ce jour de se demander jusqu’où ira ce bras de fer entre l’hexagone et ses anciennes colonies.
D’abord la suspension des visas français pour les ressortissants sahéliens
Pour rappel, la France est depuis plusieurs décennies une destination favorite des étudiants et chercheurs des pays sahéliens. A ce titre, le pays compte comptabilise en 2023 environs 2500 étudiants burkinabés, 3000 étudiants maliens et au moins 1200 étudiants nigériens tous les établissements d’enseignement supérieur français compris. Un nombre assez important pour attirer l’attention. C’est dans ce contexte, doublé du contexte de crise politico-diplomatique entre la France et les trois Etats cités, que le pays a décidé de mettre l’intégralité de ces pays d’abord en rouge sur sa carte diplomatique et touristique. Ce qui annonçait déjà le fait que le pays déconseille ces trois pays à ses citoyens et ressortissants.
Finalement, le second acte ne s’est pas fait attendre. Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué la suspension des services de campus France et de facto la suspension de la délivrance de visas pour les ressortissants de ces trois pays. On peut lire ceci dans ledit communiqué « les services campus France et visas ne peuvent plus fonctionner normalement. Les artistes, étudiants et chercheurs déjà en France poursuivent normalement leurs activités et leurs études, et sont les bienvenus ». Cet extrait est complété par le suivant dans lequel, le Quai d’Orsay explique être « contraint de suspendre nos services de visas et notre coopération civile pour des raisons de sécurité ».
Ensuite pour la suspension de la coopération cultuelle, ça ne passera pas
D’abord pris pour une fausse information, le courrier du ministère français de la culture du mercredi 13 septembre aura fait d’abord le tour des réseaux avant d’être pris au sérieux par les internautes mais également par les acteurs culturels directement concernés par son contenu. Dans ledit courrier, le département indiquait aux structures françaises subventionnées de cesser toute collaboration en lien avec les trois pays du Sahel en question (le Mali, le Burkina-Faso et le Niger).
La découverte, puis la prise au sérieux du contenu de ce courrier a rapidement créé une vague d’indignation outre Sahel. De Youssou N’Dour aux artistes amateurs, presque toutes les légendes africaines de la musique et du showbiz se sont exprimées pour dénoncer une décision qu’ils ont jugé « injuste ». Cette réaction spontanée aura été également pour bon nombre de ces artistes l’occasion de rappeler l’importance de distinguer la coopération culturelle et artistique des conflits politiques. Ce qui, au début a été perçu par certains artistes africains comme une tentative de boycott de certains artistes pour des raisons politiques et diplomatiques n’a finalement pas prospéré et a conduit à un rétropédalage inédit.
C’est d’abord, le président français en personne qui s’exprimera sur le sujet en affirmant que le message a été mal compris. Ensuite, c’est la ministre française de la culture, Rima Abdul-Malak qui affirmera que « La France n’a aucune intention de rompre ses liens culturels avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger » Elle rajoutera que par ailleurs, la France « ne pourra pas délivrer de visas aux artistes de ces pays dans l’immédiat » compte tenu de la gestion de ces pays par des régimes militaires.
O. DIARRA, analyste pour L’Analyse de la semaine