Au moment où la guerre en Ukraine continue de diviser le monde entre pro-russes et pro-ukrainiens, l’Algérie qui amplifie ses relations commerciales avec la Russie dans le domaine de l’armement risque d’énormes sanctions venant du camp occidental…
Apres les sénateurs américains, c’est au tour de l’Union Européenne de lever le glaive de la sanction contre l’Algérie. C’est ainsi que ce mercredi 16 novembre, dix-sept députés européens demandent à Ursula von der Leyen et à l’Union européenne de réviser l’Accord d’association avec l’Algérie (signé en 2002 et entré en vigueur en 2005), au motif qu’elle apporterait un « soutien politique, logistique et financier » à la Russie dans la guerre contre l’Ukraine. Cette situation interpelle tous les acteurs et les observateurs au sein de la communauté internationale. Face à cela il serait judicieux de se demander si la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne serait pas en train de se déporter sous une autre forme au Maghreb et en Afrique.
Alors que la date de la visite prochaine du président Tebboune à Moscou n’est toujours pas annoncée, les autorités algériennes subissent de nouvelles pressions concernant leurs relations étroites avec la Fédération de Russie.
Emmenés par Andrius Kubilius, ancien premier ministre de la République de Lituanie et président du Groupe du PPE (Parti populaire européen – démocrates-chrétiens), les députés s’inquiètent des liens de plus en plus étroits entre la Russie et l’Algérie. Nous pensons que tout ceci n’est que manigances et manipulations.
Les faits reprochés à l’Algérie
Les 17 députés signataires (élus de Lituanie, France, Danemark, Estonie, Suède, Bulgarie, Finlande, Pologne, Hongrie et Slovaquie) énumèrent ainsi les éléments qui attestent du soutien supposé de l’Algérie à la guerre que Vladimir Poutine mène en Ukraine.
Il s’agit de l’abstention répétée de l’Algérie à l’ONU lors de vote pour la prise de résolution contre la Russie. Pour les 17 eurodéputés, toutes ces abstentions sont des signes qu’Alger soutient « les aspirations géopolitiques de la Russie ». À l’appui de leur demande, les signataires de la pétition indiquent aussi les achats d’armes de l’Algérie auprès de la Russie. Ce qui constituerait une participation à l’effort de guerre russe.
Nous pensons que ces politiques Européennes et Américaines sont vraiment déplorables du fait qu’elles sont hypocrites, vicieuses et très mesquines. Car l’Algérie comme tout autre Etats a le droit de vote et d’abstention à l’ONU et partout ailleurs. Elle a le droit de mener sa politique étrangère comme bon lui semble en suivant ses propres intérêts. Il est plus que temps que les grandes puissances et les lobbys qui tirent les ficelles comprennent que les autres Etats sont libre et que l’heure de la domination est abolie. Tandis que derrière le rideau de leurs promotions des droits humains et internationaux, ils ne se privent pas de violer ceux des autres.
Ils semblent que les 17 députés veulent ignorer le fait que l’Algérie est libre dans l’exercice absolu de sa souveraineté, de s’armer auprès de qui elle veut et quand elle veut. C’est un marché mondial. Que ce soit à la Russie ou à d’autres pays, ils n’ont pas à nous imposer leurs lois. Le lobby anti-algérien aux États-Unis s’active à travers des hommes politiques dont certains sont connus pour leurs liens avec le Maroc. C’est ainsi que l’on risque de se retrouver dans une situation explosive qui aura tendance à créer un autre brassier au Maghreb. Et en pompier pyromane ils viendront encore tirer la sonnette d’alarme.
Cette nouvelle initiative ne reflète pas une opinion dominante aux États-Unis. Au contraire, le nombre insignifiant (27 sur 435) de représentants qui ont signé la pétition est une preuve que leur opinion à l’égard de l’Algérie n’est pas partagée par leurs collègues.
Certains politiques américains tels que le sénateur républicain Marco Rubio avec son collègue Ted Cruz seraient connus pour avoir exercé des activités de lobbying rémunérées pour le compte du Maroc. Ce serait ce dernier qui a retardé la nomination d’Elisabeth Aubin comme ambassadrice à Alger.
Pour eux, la Russie a désespérément besoin de fonds pour financer la guerre en Ukraine, et la décision du président Poutine de sanctionner l’Union européenne en bloquant les ventes de gaz a laissé la Russie avec peu de rentrées dans les caisses. Il est donc évident, estiment-ils, que la Russie cherchera à vendre plus d’armes. Aussi, ils demandent à Anthony Blinken d’imposer des « sanctions significatives » contre ceux qui, dans le gouvernement algérien, « sont impliqués dans le commerce d’armes avec la Russie ». « Les États-Unis doivent envoyer au monde un message clair, à savoir que soutenir Vladimir Poutine » et son effort de guerre « ne sera plus toléré ».
Jusqu’à preuve du contraire la Russie a le droit de vendre ses armes à qui elle veut. Il est temps que les USA cessent de croire qu’ils peuvent tout bonnement menacer le reste du monde même si l’Europe se laisse manipuler et mener à commettre le pire au détriment de ses populations.
Des réactions légitimes en Algérie
Comme on pouvait s’y attendre les réactions ont été vives en Algérie et au sein des observateurs internationaux.
Quelques mois plus tôt, Louisa Hanoune, Secrétaire Générale du Parti des Travailleurs algériens peignait un tableau sombre de l’Algérie, de l’Afrique et du Monde face à la situation qui prévaut entre la Russie et l’Ukraine.
À cause des sanctions occidentales contre la Russie, « plus de 20 millions d’Africains sont déjà frappés par la famine alors que l’Europe sombre dans une décadence effrayante », explique Louisa Hanoune. Dans son discours, Louisa Hanoune a abordé la question relative à la demande adressée par le sénateur américain Mario Rubio, au secrétaire d’État Antony Blinken pour imposer des sanctions contre l’Algérie en raison de l’achat d’armes à la Russie. Pour elle, cela « vient nous rappeler que nous ne sommes pas immunisés contre l’ingérence et le chantage étrangers.». Comme on peut s’y attendre l’Algérie ne compte pas rester bras ballant face à cette situation. L’Algérie prendra les mesures qu’il faut en cas de sanctions occidentales à son égard.
L’analyste algérien M.Benyahia affirme que l’Algérie a tous les moyens de se défendre contre l’appelle aux sanctions des députés européens car plusieurs pays occidentaux achètent le pétrole et le gaz à Alger. Pour lui, ces députés européens « n’ont pas bien compris les choses et que le monde va vers un monde multipolaire ». M.Benyahia affirme également qu’il y a des pressions sur Alger de la part de « quelques lobbies en Europe, notamment de la France » avec certains pays arabes.
Kadiatou Camara