Après plusieurs années de campagne de presse contre sa personne et son pouvoir, Bachar Al Assad fait son grand retour sur la scène internationale avec l’ambition affichée de redonner à la Syrie tous les honneurs qui lui revient dans le concert des nations…
En effet, ce vendredi 19 mai, le président syrien, Bachar Al Assad a vécu sa participation au sommet de la Ligue Arabe à Jeddah, dans le royaume saoudien comme une grande victoire. Le président syrien a gagné cette participation sans la moindre concession. Pour ses opposants, il s’agit d’une grande incompréhension.
Une invitation pas si surprenante
En réalité, la diplomatie syrienne n’a jamais abandonné le combat ultime : revenir sur la scène internationale et avec les honneurs. Et la stratégie était toute faite au début des premières années de la crise. Pour les diplomates syriens et le président Al Assad en premier, il fallait miser sur les partenaires régionaux et sur la Ligue Arabe en particulier. Un homme a été au cœur de toute les dynamiques de normalisation diplomatique avec la Syrie, le président émirati Mohammed ben Zayed Al Nahyane. C’est lui qui a invité officiellement dimanche Bachar Al Assad pour « assister à la COP 28 ». C’était déjà un grand événement pour la Syrie.
Les Emirats Arabes Unis : les soutiens et partenaires de la Syrie
La normalisation des relations entre la Syrie et les Emirats a commencé, depuis 2018. Il faut souligner que les Emirats n’ont jamais lâché Bachar El Assad. Ils sont à ses côtés pendant toute la période de l’intervention de l’OTAN avec une persistance des manœuvres diplomatiques syrien. Vers la fin du premier trimestre 2022, la normalisation des rapports entre les Emirats et la Syrie avait déjà atteint un niveau clairement officiel. En effet, le président Syrien avait rencontré le président Émirati dans le but d’accélérer la dynamique de normalisation des relations diplomatiques entre la Syrie et les Etats arabes particulièrement. On se rappellera que le président Emirati avait martelé “la trop longue absence » de la Syrie sur la scène internationale.
La Syrie va miser sur la Ligue arabe et ses relations avec le monde arabe
Les propos du président syrien étaient dénués de toute forme d’ambiguïté quant aux choix diplomatiques de son pays. Bachar Al Assad, pour sa première prise de parole sur la scène internationale depuis son exclusion en 2011, a souligné que le sommet se tenait dans un monde instable. Il ajoute également que “les rapprochements arabo-arabe et arabo-régional” constituaient pour lui un espoir. Il rappelle que la Syrie va rester attachée à ce qu’il a dénommé “son appartenance arabe”.
Un lourd bilan humain
Selon un bilan publié en 2020 par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, la guerre a fait au moins 384 000 morts, dont 116 000 civils. Selon l’Unicef, entre 2012 et 2022, de cette guerre, près de 2,6 millions d’enfants ont été contraints à se déplacer à l’intérieur du pays, dont 566 000 enfants dans le nord-est de la Syrie depuis décembre 2019. Près de 2,5 millions sont réfugiés dans les pays voisins tels que la Turquie (1,6 million d’enfants déplacés), la Jordanie (plus de 323 000), le Liban (plus de 481 000), l’Egypte (plus de 52 000) et l’Irak (plus de 104 000). C’est le plus important déplacement de population de l’histoire récente.
Al Assad reste avant tout un allié de Moscou
La Syrie reste surtout un allié de la Russie et de l’Iran. Il faut rappeler que le président russe Vladimir Poutine a été parmi les premiers soutiens de Bachar Al Assad. Dans ce sens, il aura été également l’un des premiers à normaliser ses rapports avec la Syrie. Le président Syrien a d’ailleurs reçu deux fois les honneurs du président russe au Kremlin. Les deux alliés ont surtout évoqué à plusieurs reprises l’importance de leur collaboration sur le plan politique, économique, commerciale mais surtout la “normalisation” de la situation de la Syrie sur la scène diplomatique internationale. Plusieurs communiqués russes ont confirmé cette perspective. Cependant, cette alliance n’allait pas avoir un grand effet sans une normalisation des relations entre Bachar Al Assad et le président turc Recep Tayyip Erdoğan. On se rappelle que la Turquie avait soutenu l’opposition syrienne.
A. D, journaliste internationale pour l’ADS