Pendant que l’insécurité bat son plein dans le pays, le nouvel homme fort du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré multiplie les initiatives contre l’hydre du terrorisme. Tout comme son prédécesseur, Paul Henri Sandaogo Damiba, le 3 septembre dernier, le Capitaine Ibrahim Traoré a effectué son premier voyage hors des frontières du Burkina, le 2 novembre dernier, au Mali. Partageant avec le Mali une large partie de la zone stratégique la plus crainte du Sahel (Liptako Gurma), le Burkina réalise que le retour à la quiétude est inimaginable sans une franche collaboration militaire avec son voisin, le Mali.
« Le plus important pour nous, dans la situation actuelle, c’est le défi sécuritaire. On venu échanger sur comment renforcer notre coopération militaire et pouvoir mieux mener nos opérations pour sécuriser nos populations » a indiqué le jeune capitaine de 34 ans, lors de sa première visite au Mali, le 2 novembre 2022.
Depuis un moment le Burkina Faso fait face à une recrudescence de violences terroristes dont la plus-en vue ces dernières semaines fut celle de la région de Djibo, à moins de 100 kilomètres de la frontière malienne.
Selon les statistiques disponibles des observateurs de la question sécuritaire de la zone Sahel, la branche sahélienne de l’État islamique a revendiqué du 1er juin 2017 au 15 avril 2021, 62 attaques au Burkina contre 59 au Mali et 24 au Niger. Cela sans noter les chiffres des actions des autres groupes Jihadistes, tels que le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim), affilié à Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi). Un groupe très actif dans la zone et responsable de plusieurs attaques meurtrières contre les forces de sécurité au Burkina. C’est d’ailleurs cette situation qui a été l’instigateur de la crise sociopolitique ayant conduit, tout comme le Mali, le Burkina Faso à deux coups d’Etat en moins d’un an.
Collaborant habituellement à travers la force conjointe antiterroriste du G5-Sahel, créé en 2014 avec le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le Niger et la Mauritanie, le retrait spontané du Mali de l’organisation pour protester contre le refus qui lui est opposé d’assurer la présidence, en Mai dernier, a obligé son voisin le Burkina Faso à envisager d’autres stratégies d’approche pour mieux gérer la situation sécuritaire au niveau de ses 19 provinces situées dans la zone Liptako-Gourma.
Donc avec le Mali, le Burkina compte développer un partenariat militaire solide tel qu’avec avec le Niger où depuis le 10 juin 2021, les deux pays à travers une opération dénommée « Tanli » évoluent ensemble, le long de la bande-frontière commune, contre l’insécurité.
Tenter par le Lieutenant-colonel Paul Hanri Sandaogo Damiba pendant son court passage à la magistrature suprême, le capitaine Ibrahim Traoré entend mettre en œuvre cette nouvelle alliance militaire avec le Mali.
Cette démarche est une illustration parfaite qui dénote que le retour à quiétude au pays des hommes intègres est quasiment impossible sans une franche collaboration militaire avec son pays voisin, le Mali.
Une thèse qui avait été déjà défendue par Wendpouiré Ch. Sawadogo, observateur des mouvements jihadistes sahéliens. « Le Burkina ne pourra jamais pacifier son septentrion sans la sécurisation de la zone des trois frontières », avait –t-il expressément indiqué tout en précisant que « la zone des trois frontières ou le Liptako-Gourma est partagée entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Elle s’étend sur 370.000 km2. Au Burkina, le Liptako-Gourma couvre 19 provinces ».
Issa Djiguiba