Le parti socialiste démocrate ivoirien (PSDI) tiendra son congrès constitutif, le 6 Août prochain. Candidat à la présidence du parti, Dr Coulibaly Dinignako est un panafricaniste qui compte déjouer les pronostics de la crise de leadership politique en Côte d’Ivoire. Au cours d’un entretien, il nous explique sa vision sur la situation politique en Afrique de l’Ouest général.
L’Analyse de la semaine : Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?
Dr Coulibaly Dinignako : Je suis Dr Coulibaly Dinignako, ivoirien, pharmacien de formation et chef d’entreprises. Au niveau politique, je me définis comme un socio démocrate mais aussi comme un panafricaniste convaincu même s’il me faut préciser que je parle ici du panafricanisme vrai, celui rêvé par les pères fondateurs de ce concept et non le panafricanisme galvaudé que certains veulent nous servir aujourd’hui.
2. Quelle est la situation politique actuelle en Côte d’Ivoire ?
La situation politique de la Côte d’Ivoire ressemble à un vaudeville conçu par de piètres metteurs en scène. Nous avons un respect sans limite pour les acteurs politiques actuels mais nous sommes arrivés à la conclusion qu’ils pianotent dans un logiciel obsolète car le peuple dont ils se réclament assiste avec effarement à tous leurs errements. Cette situation a conduit à un désamour entre la population et les politiques ou politiciens. Pour vous donner un exemple de l’incohérence de ces acteurs politiques ivoiriens, vous avez une opposition qui, il y a deux ans, a gesticulé bruyamment contre un 3eme mandat présidentiel de Monsieur Ouattara; troisième mandat qu’elle a jugé, nous avec, inconstitutionnel. Cette situation a conduit à des violences politiques et des affrontements qui se sont soldés par de nombreux morts (85 officiellement). Voilà donc cette opposition qui moins de deux années après, fricote avec le parti au pouvoir au point de soutenir son candidat à l’élection du président de l’assemblée nationale et ceci au détriment d’un candidat issu de cette même opposition. Drôle de politique même si on est en Afrique.
Vous avez décidé, avec vos camarades, de créer un Parti Politique. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En Côte d’Ivoire, vous avez deux types de Partis politiques : D’une part des Partis bien organisés qui se partagent la gestion du pays, pour ne pas dire la dégustation du pays, comme un gâteau et d’un autre côté des Partis politiques qui tourbillonnent autour de ces grands Partis comme des charognards en attente de restes souvent indigestes. La plupart de ces Partis sont gérés comme des royaumes dont le maître est semblable à un gourou indéboulonnable et déifié à souhait par ses partisans. Dans ce contexte, on ne parle pas d’offres politiques mais plutôt de figures emblématiques de sorte que notre pays a inventé une démocratie de PRO (PRO X ou PRO Y) et gare à celui qui ose s’en prendre à X ou à Y. Avec des camarades, nous avons estimé que cette classe politique ne correspond pas aux aspirations légitimes de nos compatriotes. L’époque des hommes forts doit laisser place à l’époque des institutions fortes. Nous prônons dans notre Parti, une sociale démocratie qui embrasse la réalité sociologique de notre pays.
En effet nos sociétés traditionnelles sont organisées selon ce modèle social et nous revendiquons de redonner à l’ivoirien sa vraie identité en prônant une gouvernance qui s’appuie sur ses réalités. Le PSDI (Parti des Socio Démocrates Ivoiriens) se veut donc un Parti qui tranche avec les méthodes actuelles des Partis traditionnelles pour inculquer aux ivoiriens cet amour propre qui consiste à refuser de tendre éternellement la main et à pleurnicher auprès de pays amis ou d’institutions afin qu’on nous entretienne comme des gamins. Les ivoiriens et les habitants de la Côte d’Ivoire sont capables de se nourrir avec leurs propres ressources, de construire leurs propres routes, leurs propres hôpitaux, etc. Nous disons que le paternalisme a assez perduré et qu’on ne soustraite pas un développement.
Vous êtes candidat à la présidence du parti des sociaux-démocrates ivoiriens (PSDI), pourquoi ce choix ?
L’appel à candidature n’a pas encore été lancé mais comme vous le dites, je serai candidat pour la présidence de ce Parti politique. Au-delà des raisons qui me poussent à candidater, je pense que ce qui intéresse les ivoiriens c’est surtout de savoir pourquoi ce Parti est en train d’être créé et ce qu’il apportera de neuf comparé aux 150 autres Partis existant dans le pays. Nous disons merci au PDCI pour nous avoir conduit à l’indépendance et nous avoir démontré à travers le 1er miracle économique ivoirien que nous ne sommes pas les damnés de la terre et que nous sommes capables de mieux. Nous disons merci à l’ensemble FPI / PPA-CI pour nous avoir permis d’accéder au multipartisme, ce qui nous autorise à parler aujourd’hui de création d’un Parti politique sans craindre la foudre d’un pouvoir quelconque. Nous disons enfin merci au RHDP pour toutes les infrastructures construites.
Après avoir dit cela, nous affirmons que ces Partis et leurs leaders ont atteint leurs niveaux d’incompétence, selon le principe de Peter, et qu’ils n’ont plus rien à offrir à nos compatriotes. Le PSDI est donc l’alternative crédible qui va transcender les régions et les religions pour affronter le dernier challenge qui vaille et qui s’impose à nous: le développement. Je me propose donc de travailler à incarner ce changement que nous souhaitons tous.
Si vous élu au soir du 6 août (date du congrès constitutif du PSDI) quelles seront les prochaines étapes de votre combat ?
Nous nous accorderons une bonne année pour construire notre Parti et l’implanter aussi bien physiquement que dans le cœur des ivoiriens. Nous n’oublions pas les échéances électorales municipales et régionales de 2023 pour lesquelles nous avons déjà des candidatures qui se dessinent.
Croyez-vous que vous pouvez faire bouger les lignes face à la vieille classe politique incarnée par les Ouattara, Gbagbo, etc. ?
Nous n’avons pas besoin de faire bouger des lignes puisque ces lignes bougeront d’elles-mêmes qu’on le veuille ou pas. Chacune des 3 personnalités que vous citez a rendu d’énormes services à notre pays. Mais savoir partir est une preuve de sagesse. On ne dirige pas un pays avec une population majoritairement jeune (plus de 50% a moins de 18ans) lorsqu’on est octogénaire. D’ailleurs les vidéos sont là dans lesquelles nos « sages » expriment clairement qu’à plus de 75 ans on ne devrait plus chercher à être Président d’un pays. Eux-mêmes ont clos le débat et seuls des nostalgiques continuent de rêvasser de revoir l’un de nos pépés continuer à diriger le pays en 2025.
Construisons la Côte d’Ivoire de nos enfants et arrêtons de repenser à la Côte d’Ivoire de notre enfance.
Que révèlent selon vous les récents coups de d’État répétitifs en Afrique de l’ouest ?
Ces coups d’état m’inspirent une seule chose: l’échec des hommes politiques en Afrique. Les populations ont de l’aversion pour leurs élites et cette situation est des plus préoccupantes. D’ailleurs il n’y a qu’à observer les soutiens de l’opinion publique africaine à ces coups d’état pour se rendre compte du niveau de décrépitude de notre démocratie. La situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest n’aide pas également pour ne pas dire qu’elle est un facteur favorisant.
Pensez-vous que les mécanismes de gestion (embargo, gel des avoir, etc.) de ces coups d’État par la CEDEAO sont adaptés au contexte régional actuel ?
Toutes les sanctions que nous observons ne sont que des paravents pour cacher les limites des organisations sous régionales et panafricaines. Les embargos décrétés n’ont pour seul résultat que la paupérisation de nos populations. Il s’agit donc de mesures inutiles et inappropriées. Il est plus qu’urgent que l’UA favorise la mise en place d’une armée africaine forte qui pourra stabiliser les zones de conflits, éviter les coups d’état et à la longue rivaliser avec les grandes puissances de ce monde. Chacun de nos pays pris séparément est une passoire au niveau sécuritaire et seule une action coordonnée est capable de stabiliser durablement chaque Etat.