Après sa nomination en mars 2021, le Premier Ministre Patrick Achi a présenté sa démission et celle de son gouvernement le 12 Avril 2022. Près d’une année à la tête du gouvernement ivoirien, le premier ministre a mise en œuvre plusieurs axes de la politique général de l’Etat. Un gouvernement d’une trentaine de membres (contre 41 actuellement) doit voir le jour d’ici la semaine prochaine.
Depuis quelque temps déjà, la rumeur d’un remaniement ministériel courait partout au sein de l’opinion nationale. Il est donc maintenant clair que le Président de la République veut changer le cours du processus de gouvernance entamé depuis un moment. Le contexte sociopolitique, économique et sécuritaire actuelle impose à chaque Etat un repositionnement stratégique à tous les niveaux de la sphère publique et privée. Le contexte régional est aussi très complexe, entre coups d’Etats et insécurité transfrontalière. De ce fait, cette réorientation des priorités servira à mesurer et surmonter les grands défis ?
La redéfinition des enjeux mondiaux et régionaux fait qu’aujourd’hui les Etats entrent dans des crises qu’ils n’avaient au préalable imaginées. Depuis le début de la pandémie de Covid 19 jusqu’au jour d’aujourd’hui, les Etats à tous les niveaux ne font que transiter entre les crises et la recherche de solutions appropriées à cet effet. Les Etats sont entre autres en quette d’alternatives possibles pour mieux faire face aux différents défis de l’heure. Pour rappel, de 2020 à 2022, les Etats africains ont beaucoup investi dans la crise sanitaire qui jusqu’à preuve du contraire continue son chemin et les vaccins efficaces demeurent rares et souvent très couteux pour le budget de nos pays.
Ce remaniement ministériel annoncé par le Président Alassane Dramane Ouattara suite à la démission de Achi et de son gouvernement, se voudrait aussi une solution d’Etat pour faire face aux défis actuels. Cette démission du gouvernement intervient à un moment dominé par d’énormes défis comme l’inflation des produits de première nécessité ; les menaces Jihadistes au Nord du Pays ; une crise sociale latente et la conjoncture économique mondiale. Ce sont quelques raisons évoquées par le Président.
A quel type de gouvernement pouvons-nous s’attendre après Achi ?
Il faut dire que le gouvernement, diriger par Achi a été sur plusieurs pour imprimante le plan de développement National. Ce gouvernement qui commencerait le travail dans le prochain jour doit s’attendre à l’accomplissement de missions plus particulière, dans un contexte régional à géométrie variable. Serait-ce possible d’être sur tous ces fronts qui sont chacun profond d’autant plus que l’effectif les membres de ce gouvernement ne dépasseraient pas une trentaine. Le nouveau chef de gouvernement doit être une personnalité qui connais tous les défis et leur contexte d’émergence sans quoi les solutions réfléchies auront du mal à prendre. Les affaires pendant sont de l’ordre de l’urgent ce qui laisse croire que ce gouvernement est attendu notamment à faire ses preuves et donner de résultats concrets.
Pour plus de résultats, les membres de ce gouvernement doivent impérativement être sélectionnés selon des critères de connaissances ou de compétences théoriques mais et surtout pratiques. Ce schéma de formation du gouvernement permettra aux ministres de mettre en pratique leurs expériences en premier plan afin d’aller plus efficacement vers l’action. Contre toute attente, pouvons-nous voir Achi nommé pour l’unième au même poste ? si ce scénario se produit, l’opinion nationale serait tentée de taxer la démission subite d’Achi comme un grand gâchis dans le sens que le Président à fait beaucoup de remaniement ministériel.
Réduire les dépenses de l’Etat pour faire face à l’inflation des produits de première nécessité et à la conjoncture économique mondiale
Comme on aime le dire « aux problèmes politiques il faut des solutions politiques » et donc il faut des solutions économiques aux problèmes économiques, il en est de même pour les autres défis énumérés un peu plus haut. Le gouvernement d’Achi était composé d’une quarantaine de ministres ce qui va être revu à la baisse avec un effectif d’une trentaine de membres. Cette décision de réduire le nombre des membres du gouvernement intervient dans la cherche de solution en vue de plafonner le prix de certains produits de grande nécessité. Aussi, cette réduction des dépenses de l’Etat permettra de gérer (à l’interne) au mieux la conjoncture économique mondiale.
Il apparait très important dans de telle situation d’aller vers une réduction des dépenses de l’Etat. Ce qu’il faut tout de même comprendre ce sont les effets qui pourraient en découler si le gouvernement ne prenait pas ces questions en compte. Pour exemple, au Soudan, une simple hausse du prix de pain s’est soldée par le départ du président de la République. Pour une fois de plus, il faut craindre toute contestation populaire en cette période de la montée en puissance des mouvements sociaux dans certains pays de la région. La gestion des questions d’inflation de produits de première nécessité et de conjoncture économique mondiale est donc venue à point nommé, le contraire serait en quelque sorte dangereuse.
Qu’est-ce qui est attendu sur le plan sociopolitique ?
Il est assez clair que la situation sociale s’est beaucoup améliorée ces dernières années mais nous restons convaincus qu’il y a jusqu’à présent aspects qui méritent d’être bien traités. Les réalités dans certains pays de la région doivent alerter les autorités ivoiriennes à préparer les mentalités des populations à toutes les éventuelles crises. Le gouvernement qui sera mis en place doit beaucoup travailler sur les questions de dialogue, de réconciliation et surtout de résilience des populations. En ce qui concerne le dialogue, il doit permettre à la population d’établir un parfait lien d’échange et de collaboration mutuelle.
Quant à la réconciliation, elle doit permettre la création d’un bon climat de vivre ensemble entre les différentes communautés de la société, permettre en d’autres termes l’interconnexion entre les ethnies.
En outre, la question de la résilience des populations est plus qu’importante, en cette période ou même l’Etat est éprouvé par les différents défis. Les populations doivent de plus en plus savoir s’adapter aux nouvelles réalités et mesures. En plus elles doivent etre à même de mettre des stratégies internes en place pour faire face de façon efficace à certaines situations au combien complexe.
Sur le plan politique, une grande partie d’analystes pensent effectivement que ce remaniement ministériel traduit la volonté du Président Ivoirienne de rebattre les cartes politiques en prélude aux différentes élections à venir notamment les élections municipales, les législatives (en temps court) et l’élection présidentielle (en temps long). Le Président serait dans ce cas tenter de nommer un vice-président, un poste vacant depuis un moment et Patrick Achi pourrait etre celui qui va probablement bénéficier de ce poste. En plus, le prochain gouvernement ne doit pas mettre de coté le processus de dialogue politique, chose encore important en vu d’avoir une gouvernance inclusive et concerté. En plus de tout ceci, la raison politique affichée de ce remaniement est celle d’une volonté d’aller vers plus d’efficacité dans la mise en œuvre des différentes politiques publiques de l’Etat.
L’anticipation sur les défis sécuritaires pour lutter efficacement contre le phénomène du Djihadisme
En plus de tous ces nouveaux défis, celui de l’insécurité grandissante est préoccupante. En effet, certains Etats de la région sont touchés par le phénomène de l’insécurité. Le constat qui est fait, c’est que le phénomène est en train de s’étendre vers les pays du golf de guinée et les pays côtiers, pour preuve, le 11 Avril, il y a eu une attaque à la frontière entre le Burkina Faso et le Benin. Ce qui témoigne de la présence des menaces deviennent de plus en plus proche. En plus, les traces de ces menaces sont visibles au Nord de la cote d’Ivoire.
De ce fait, la lutte contre le phénomène de l’insécurité nécessite des grands moins. Pour ce faire il faut nécessairement réduire les dépenses afin de se préparer sur tous les plans. Seulement en début de semaine, l’armée ivoirienne a été doté de nouveaux hélicoptères. Pour faire face à ce phénomène dangereux il faut bien préparer les forces armées de défenses.
En définitive, nous pouvons dire que ce remaniement est fait sur fond de plusieurs raisons qui sont entre autres importantes. Le nouveau gouvernement pourrait etre appelé « gouvernement d’urgence » aux vues de tous ces défis qu’il doit relever.
Cependant, les moyens disponibles pourraient – ils permettre de mettre en œuvre les solutions nouvelles face à ces défis qui sont énormes ?
Mamadou DIARRA, Analyste Politique