Auteure du livre « Retour à Ceuta et Melilla », Mame Diarra Diop a accepté de répondre à nos questions, en nous embarquant dans un voyage littéraire autour de son ouvrage dont la thématique centrale porte sur la migration et les risques liés à la traversée du désert…
L’Analyse de la semaine : Mame Diarra Diop, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
Mame Diarra Diop : Je suis journaliste, auteur, basée à Bamako et je travaille pour la radio de l’ONU au Mali comme productrice Radio.
Vous avez publié récemment un ouvrage portant sur la migration, quelle est l’origine de ce livre ?
Retour à Ceuta et Melilla est l’histoire de 4 jeunes migrants qui quittent le Sénégal pour tenter l’aventure vers le désert en espérant atteindre les enclaves de Ceuta et Melilla, pour aller en Europe. Un fait récurrent, mais cette fois, l’histoire est tirée des assauts meurtriers de 2006, mais surtout le point de départ vient de ce jeune sénégalais qui est mort dans une barque en tentant de rallier l’Espagne en 2009.
Quelle est l’histoire que vous narrez dans ce livre en quelques mots ?
Djibril, le personnage principal est accompagné de trois autres camarades qui prennent la route ensemble. Sur leurs chemins ils croiseront d’autres migrants et voudront à tout prix atteindre l’eldorado. Sauf que les choses ne se passeront pas aussi facilement. Au milieu du récit, il y a Alain journaliste, qui constitue le fil conducteur de l’histoire. On passera ainsi du Sénégal, à la Mauritanie, puis le désert du grand Sahara, à travers l’Algérie, et le Maroc.

On sait que les jeunes sahéliens sont nombreux parmi les candidats pour franchir les frontières européennes, pourquoi après toutes ces années, la même situation perdure ?
Sans doute une conséquence des politiques internes aux pays de départ. Un manque de perspective pour la jeunesse, attirée par l’extérieur. Comprendre le phénomène migratoire reste complexe et il faut s’attaquer à la gouvernance, au chômage, aux questions d’emploi, d’éducation, écouter la jeunesse et l’aiguiller, pour qu’elle ne prenne pas des risques incommensurables… Il y a même une dimension psychologique à prendre en compte pour mieux faire comprendre l’ampleur du phénomène et les tragédies qui en découlent. Pour les migrants eux-mêmes, leurs familles et la société entière…
Il y a eu récemment un scandale au Maroc avec plusieurs morts notamment des Maliens et des Sénégalais (suite à une tentative massive de franchir les barrières de l’enclave espagnole dont vous parlez dans votre livre), quel enseignement tirer de ce scandale ?
L’enseignement est que si le phénomène persiste c’est que les causes de fond n’ont pas été réglées. Je l’ai dit plus haut, la jeunesse africaine a besoin de perspectives, de rêver ce continent comme le lieu où il faut être, le lieu qu’il faut développer, et qui in fine, constitue notre socle commun. Aimer l’Afrique plus que nous-mêmes.
Que préconisez-vous pour résoudre le problème migratoire ?
Je n’ai pas de solutions miracle, hormis décrire ce que je peux dans mon travail de journaliste avec une note romancée dans le livre, que j’ai voulu aussi plein d’espoir. Une chose est sure, il faut poursuivre les discussions sur les politiques migratoires, entre pays de départ et pays d’accueil même après le pacte mondial de Marrakech. Rendre la migration moins douloureuse, et lui donner un visage plus humain.
Enfin, où peut-on acheter votre livre ?
Le livre est disponible en commande chez l’Harmattan Paris, sur Amazon et en ligne également. A la librairie Bah à Bamako et l’Harmattan Sénégal.