La mort de l’activiste burkinabè Alain Christophe Traoré, alias Alino Faso, survenue le 24 juillet dans une cellule de détention à Abidjan, a déclenché une crise diplomatique entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Plusieurs centaines de citoyens se sont mobilisés à Ouagadougou pour réclamer la vérité et le rapatriement de sa dépouille. Les autorités burkinabè dénoncent désormais un décès suspect, tandis que les responsables ivoiriens maintiennent leur version officielle.
Selon la Coordination des associations de veille citoyenne (CNAVC), des manifestants burkinabè ont entrepris une procession vêtue de blanc vers l’ambassade de Côte d’Ivoire pour exiger justice et transparence. La parole officielle burkinabè rejette catégoriquement l’hypothèse d’un suicide, privilégiant celle d’un possible assassinat planifié. La Côte d’Ivoire, en revanche, affirme que M. Traoré s’est donné la mort dans sa cellule, sans toutefois annoncer d’enquête indépendante. Cette divergence alimente les suspicions et risque de raviver des tensions déjà exacerbées par des incidents frontaliers et des accusations mutuelles d’ingérence politique. Des rumeurs attribuent également à certains opposants burkinabè des tentatives de déstabilisation impliquant Abidjan, ce qui accroît la défiance bilatérale.
L’incident survient dans un contexte d’insécurité persistante dans la sous-région, marqué par la menace jihadiste au Sahel et la multiplication d’attaques transfrontalières. Il intervient aussi à un moment où la candidature controversée du président ivoirien Alassane Dramane Ouattara pour un quatrième mandat polarise la scène politique régionale. Les analystes craignent que ce climat n’affaiblisse encore davantage la coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, au moment où la stabilité ouest-africaine exige des relations apaisées entre les deux pays voisins.
Issa Djiguiba, pour l’Analyse de la Semaine – ADS