L’année 2022 a été marquée par un bouleversement de la situation sécuritaire dans le monde en général. Bien qu’animée par plusieurs décennies de guerres froides, la conversion récente de certaines tensions étatiques en confrontation menace la quiétude de la population mondiale. Mais contre toute attente, c’est l’Afrique qui arrive à tirer son épingle jeu. De sa position insignifiante sur la scène internationale, l’Afrique a maintenant l’audace d’engager des négociations dans des crises qui opposent les grandes puissances du monde.
Si la conquête du monde par la Russie est perçue comme une menace sécuritaire internationale, elle semble se présenter également comme une opportunité pour l’Afrique d’évaluer sa propre potentialité. D’un côté, elle a permis à certains pays africains comme la Centrafrique et le Mali d’adopter, tant bien que mal, une posture souverainiste avec pour but de se défaire du Jouc de ce qu’on appelle le « néocolonialisme » de la France.
Aussi l’attitude de la France et ses alliés de la communauté internationale au lieu de parvenir à circonscrire cet élan, est en train de contribuer à faire la promotion du drapeau Russe un peu partout, surtout en Afrique de l’Ouest. Le Mali malgré, ses multiples défis sécuritaires est en train de tenir tête à l’ensemble de la communauté internationale. Du coût, il est cité en exemple comme un des pays panafricanistes qui cherche une vraie indépendance.
Le déclenchement de la crise Ukrainienne a également contribué à repositionner l’Afrique dans le système de la géopolitique mondiale. La volonté des pays européens de bouder le gaz Russe en guise de sanction contre l’invasion Russe en Ukraine a renforcé l’Algérie sur le plan économique. Etant l’espoir pour une grande partie de l’Europe, l’Algérie peut désormais utiliser son gaz comme un instrument de politique étrangère pour faire pression, notamment sur l’Espagne sur la question de Sahara Occidental. En quelques mois seulement la capitale algérienne recevait successivement le secrétaire d’Etat américain, le ministre Russe des affaires étrangères, le premier ministre Italien entre autres.
Quasiment, tous impliqués dans la crise en Ukraine, l’Afrique devenait la partie vulnérable et neutre pouvant intervenir pour toucher la sensibilité d’un président comme Vladimir Poutine. Si l’on se rappelle de la rencontre entre le président français Emmanuel Macron et Vladimir Poutine en février dernier autours de la question Ukrainienne, on peut tout de suite comprendre qu’une médiation des pays puissants comme la France serait vouée à l’échec.
Ainsi, l’Afrique entre de plein pied dans un jeu politique longtemps réservé aux grandes puissances. Macky Sall, président de la République du Sénégal non moins, président en exercice de l’Union africaine s’est alors rendu à Sotchi (Russie), le vendredi 3 juin 2022, pour tenter de convaincre son homologue Russe, Vladimir Poutine sur la fameuse question Ukrainienne.
D’ailleurs, Macky Sall avait été contacté par le président Ukrainien Volodimir Zelensky, le 11 avril dernier, dans le but d’avoir le soutien de l’Union africaine dans la résolution de cette crise dont l’impact économique influe sur le reste du monde. Si cette visite paraissait ordinaire pour beaucoup de gens, sa portée était plus que jamais historique pour l’Afrique. Un président africain, de surcroit ouest africain, intervenir dans une crise qui oppose les grandes puissances de ce monde marque sans doute une autre époque de la géopolitique mondiale. Déjà ce bouleversement était perçu par le président de la République Française depuis 2019. Lors de la conférence des ambassadeurs et des ambassadrices à Paris le 27 Aout 2019, Macron avait soutenu : « l’ordre international est bousculé de marnière inédite », tout en reconnaissant que c’était la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde. « Nous sommes sans doute en train de vivre, la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde. Un grand bouleversement qui se fait sans doute pour la première fois dans notre histoire à peu près dans tous les domaines avec une magnitude profondément historique ». Tout en reconnaissant que cette situation fait suite, entre autres, aux erreurs des occidentaux et de l’émergence de nouvelles puissances dont les capacités étaient longtemps sous-estimé, le président français a mis l’accent sur le rôle et la place de l’Afrique. « Demain se prépare en Afrique et avec les africains » avait-t-il déclaré. Par ailleurs, même si cette visite du président Macky Sall ne laisse encore rien voir dans la sortie de crise en Ukraine, il faut comprendre que l’Afrique a désormais un grand rôle à jouer. Ce que la Russie a vivement reconnu lors de cette visite de Macky Sall.