A 82 ans, l’ancien opposant guinéen vient de prêter serment pour une troisième fois consécutive. « Moi, Alpha Condé, président de la République élu conformément à la Constitution, je jure devant le peuple de Guinée et sur mon honneur, de respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution, les lois et les décisions de justice, de défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale… En cas de parjure, que je subisse les rigueurs de la loi », c’est en ces termes que le président guinéen formalise son entrée en fonction et balaie les accusations.
Avec le soutien des siens
Alpha Condé n’a pas prêté serment « seul ». Plusieurs chefs d’Etat étaient présents pour cette cérémonie d’investiture. Il s’agit notamment du congolais Denis Sassou Nguesso qui était également présent a Abidjan, du tout nouveau président ghanéen Nana Akufo-Addo, du sierra-léonais Julius Maada Bio, du Bukinabè Roch Marc Christian Kaboré, du malien Bah N’Daw, du libérien George Weah, de l’éthiopienne Sahle-Work Zewde, du comorien Azali Assoumani, du togolais Faure Essozimna Gnassingbé, du mauritanien Mohamed Ould Ghazouani et du tchadien Idriss Déby Itno. Cette présence forte de chefs d’Etat est l’illustration parfaite du soutien entre ces leaders. Elle laisse par ailleurs apparaitre la forte influence de certains leaders. De l’investiture d’Alassane Ouattara à celle d’Alpha Condé, un constat amer reste présent. Celui de l’échec de l’alternance démocratique en Afrique. On aura assisté à des révisions constitutionnelles de dernières minutes, à des manipulations pré-électorales, postélectorales, à des tensions et affrontements mais surtout à la mise sous verrou des opposants ou la réduction de leurs espaces d’expressions. Le candidat et opposant malheureux Cellou Dalein Diallo quand à lui, continue à pointer la défaite de son adversaire. Cette opposition de C.D. Diallo s’accompagne des manifestations dont celle récente qui a regroupée des dizaines de femmes de l’opposition dans la périphérie de la capitale guinéenne ce lundi. A travers cette marche interdite, ces femmes de l’opposition guinéenne, entendent demander surtout justice pour les victimes des violents accrochages de la période électorale et postélectorale. En effet, ces accrochages ont causés la mort d’au moins 85 personnes contre le troisième mandat d’Alpha Condé.
La guinée, tout de même sous le regard des « défenseurs des droits humains » Dans un communiqué publié vendredi dernier, le 11 décembre, Human Rights Watch (HRW) avait attiré l’attention sur le fait que « des dizaines de leaders de l’opposition, de partisans et d’autres personnes perçues comme proches de l’opposition sont emprisonnés, faisant l’objet d’accusations qui semblent être motivées par des raisons politiques ». D’autre part dans le même communiqué, HRW a affirmé des inquiétudes et des soupçons liés au fait que « le gouvernement instrumentalise la crise sanitaire comme excuse pour réprimer la dissidence et bafouer les droits humains ». A cet effet, il faut rappeler que le gouvernement guinéen avait en effet notifié l’interdiction des manifestations politiques sur tout l’étendu du pays jusqu’à nouvel ordre pour des raisons liées à la crise de Covid-19. Et d’ailleurs, à ce titre, Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International laisse savoir qu’ « avant, pendant et juste après l’élection, des personnes ont été tuées et blessées par la police et la gendarmerie et les annonces régulières d’ouverture d’enquêtes n’ont trouvé à ce jour aucun aboutissement ». Il rajoutera qu’à ce titre, « l’investiture du président Alpha Condé ce 15 décembre est l’aboutissement d’un processus électoral contesté, marqué par plus d’une année de violations graves des droits humains en Guinée en toute impunité. Avant, pendant et juste après l’élection, des personnes ont été tuées et blessées par la police et la gendarmerie et les annonces régulières d’ouverture d’enquêtes n’ont trouvé à ce jour aucun aboutissement ».