L’escalade militaire entre l’Iran et Israël marque un tournant inquiétant. Les frappes ciblées se multiplient, révélant une confrontation de plus en plus directe. L’Iran, selon la politologue Azadeh Kian, répond aux attaques israéliennes contre ses installations militaires et nucléaires par des frappes symétriques. Si Téhéran affirme vouloir éviter de toucher des civils, la moindre précision de ses systèmes d’armement accroît les risques de pertes humaines involontaires. Cette situation met en lumière l’instabilité croissante d’un conflit où les lignes rouges sont de plus en plus floues.
Malgré la montée des tensions, l’Iran s’efforce d’éviter toute confrontation directe avec les États-Unis. Une attaque contre des intérêts américains dans la région pourrait provoquer une guerre de grande ampleur, mettant en péril ses propres infrastructures nucléaires. Cette prudence s’explique aussi par le contexte régional : avant la reprise des hostilités, l’Iran cherchait à normaliser ses relations avec plusieurs monarchies du Golfe. Ces dernières, bien que proches de Washington, ont exprimé leur inquiétude face aux frappes israéliennes, redoutant notamment une déstabilisation économique, voire la fermeture du détroit d’Ormuz.
Sur le plan juridique, le concept de “guerre préventive” invoqué pour justifier certaines opérations militaires est largement contesté. Azadeh Kian souligne son illégalité au regard du droit international et critique la position de la France, jugée trop alignée sur celle d’Israël. Pourtant, l’Iran était engagé dans un dialogue avec les États-Unis sur son programme nucléaire. Une attaque sur ses centrales risquerait de provoquer une catastrophe humanitaire majeure, d’où la nécessité impérieuse de maintenir une voie diplomatique.
Parallèlement, ces frappes peuvent aussi être interprétées comme une manœuvre israélienne pour faire échouer les négociations avec Téhéran et détourner l’attention des opérations menées à Gaza. Cette stratégie affecte également une société iranienne en pleine recomposition : bien que critique envers son propre régime, une grande partie de la population rejette toute intervention étrangère perçue comme une atteinte à la souveraineté nationale. Cela reflète la complexité des rapports entre pression interne et menaces extérieures.Enfin, les positions internationales sont loin d’être neutres. Donald Trump, en pleine dynamique électorale, affiche son soutien à Israël tout en évitant de s’engager dans un nouveau conflit. Emmanuel Macron, de son côté, tente de préserver l’initiative diplomatique française sur la reconnaissance d’un État palestinien, tout en adoptant une ligne pro-israélienne qui fragilise la crédibilité de la France dans le monde arabe. Ce double discours alimente la perception d’un déséquilibre persistant dans l’application du droit international.
Boubacar Diarra, pour L’Analyse de la semaine