Le 25 Mai dernier, toute l’Afrique a célébré la journée mondiale de l’Afrique. Cette célébration se fait dans des circonstances assez spéciales. L’Afrique a dernièrement connu et continue de connaître un changement profond, non moins radical du fait des énormes crises auxquelles elle fait face. L’organisation (l’UA) chargée de coordonner l’essentiel des actions de l’Afrique est elle-même en difficulté face à ce brusque changement. Les deux sommets tenus à Malabo se placent-ils en ligne directe avec le traitement de certaines questions prioritaires. Cela dit, chaque célébration de la journée mondiale de l’Afrique doit être une occasion de mis à jour des priorités et de projection sur les chantiers à venir. En réalité, le bilan et les perspectives doivent être au centre des discussions pendant cette période.
À ce stade, quel bilan pouvons-nous attribuer à l’Union Africaine ?
De sa création à nos jours, l’organisation s’est battue sur plusieurs fronts pour défendre la cause de l’Afrique. Ce combat n’a toujours pas été facile car l’Afrique a longtemps duré dans une sorte de “suivisme“ d’autres puissances mondiales.
Depuis 2020, l’Afrique est durement touchée par une crise multiforme qui a remis en cause beaucoup de planification de l’organisation régionale qui est l’Union Africaine. Ces crises sont entre autres, la Covid19, la crise humanitaire, le terrorisme, la montée du phénomène de l’insécurité, l’extrémisme violent, les ruptures anticonstitutionnelles.
Les nouveaux enjeux fragilisent fortement l’essentiel des dispositifs, en même temps, mitige le bilan. Le continent était autrefois sur d’autres questions relatives au développement mais aujourd’hui les défis ont changé de direction nous devons alors changer avec pour être présent dans tous les grands rendez-vous.
La somme de tout ce qui se passe en Afrique donne du travail aux dirigeants de l’Union Africaine notamment le nouveau Président Macky Sall.
Quelles perspectives pour les prochaines années ?
Il y a énormément de questions concernant l’Afrique qui sont prises en charge par l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Alors pourquoi les choses ne bougent pas comme prévu ?
L’absence de changement notable doit amener les responsables de cette organisation à revoir la planification faite tout en lui dotant des réponses aux enjeux nouveaux. S’il y a des perspectives aujourd’hui, ce serait de revoir toute la planification. Les perspectives doivent désormais être portées sur la résolution des questions de gouvernance en Afrique, de terrorisme, de relance économique, de l’insécurité, la crise humanitaire, la covid 19 et bien d’autres problèmes qui peuvent surgir.
Dans la formulation de ces nouvelles perspectives, il faut réfléchir à beaucoup investir dans le temps court (les enjeux actuels) tout en gardant un œil vigilant sur le futur.
Toute l’Afrique doit s’unir pour résoudre ces questions qui sont une préoccupation générale. Le problème se retrouve dans le fait que les Africains sont beaucoup divisés en ce qui concerne l’émergence même du continent.
Ainsi, dans la même dynamique de la célébration de la journée mondiale de l’Afrique, l’Union Africaine a tenu deux sommets d’une importance capitale. Ces deux sommets ont permis de mettre les vraies préoccupations sur la table de discussions.
Quelle place accorde-t-on au double sommet de Malabo ?
Pour répondre au mieux aux différents enjeux de l’heure, l’Union Africaine a tenu un double sommet. La première porte sur les questions humanitaire et économique. Par contre, le seconde concerne les questions de terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernements en Afrique.
Ces questions sont effectivement au cœur des préoccupations en Afrique depuis un certain moment.
Les enjeux de la crise humanitaire en Afrique
Aujourd’hui, parler de la crise humanitaire que traverse l’Afrique est doublement important. D’abord, cela permet d’apaiser le cœur des milliers d’africains dans la situation, pour qu’ils se sentent aussi pris en compte dans les discussions à ce niveau par l’Union Africaine.
Ensuite, débattre de la question humanitaire permet une prise en charge interne ou externe et une proposition de solutions de sortie de crise.
Cette crise humanitaire touche en réalité une grande partie du continent Africain, donc en débattre peut faire naître des initiatives de part et d’autre.
De plus en plus, il y a des déplacements massifs des populations vers d’autres horizons, ce phénomène bien qu’étant ancien, est aujourd’hui une préoccupation majeure en termes de prise en charge de ces populations qui se déplacent incessamment. C’est donc normal que l’on trouve des voies et moyens pour freiner ce phénomène qui prend de l’ascenseur de jour en jour.
La relance économique en Afrique
Plus que jamais l’économie africaine est affectée du fait d’abord de changement au niveau mondial avec la guerre en Ukraine. Ensuite du fait de l’impact de nombreuses crises que traverse l’Afrique.
De ce fait, la relance de l’économie africaine doit être parmi les préoccupations majeures pour permettre de résoudre le problème de financement de certains projets ou programmes pour le développement de l’Afrique. Il est clair qu’il y a beaucoup plus d’enjeux actuellement mais il ne faudrait pas oublier la question du développement de l’Afrique.
C’est aussi le lieu de revoir les questions comme l’aide public au développement et l’apport des différentes diasporas dans l’économie africaine. Il faut d’ores et déjà arriver à faire la part des choses pour mesurer les différents apports qui influent sur l’économie du continent. En plus, il faut que l’Union Africaine arrive à s’auto- financer car son indépendance d’action y réside.
L’épineuse question du terrorisme
Comment l’Union Africaine peut-elle mettre en place des moyens idéals pour contrecarrer ce phénomène qui prend en otage l’existence même de certains pays d’Afrique ? La réponse à cette question doit être claire et pratique. Tous ces problèmes que nous venons d’évoquer un peu plus haut sont quelque peu liés à l’existence de ce phénomène.
Le terrorisme en Afrique gagne du terrain un peu partout et mérite d’être stopper dans sans libre manifestation. Au problème du terrorisme, il faut une réponse commune et non individuelle. Cette solution ne doit pas viser que l’option militaire, il faut mettre en place d’autres mécanismes. Aussi les problèmes comme le pastoralisme est étroitement lié à celui du terrorisme, et doit donc aussi être pris en compte lors de la proposition de solution.
L’Union Africaine doit être au-devant de tout ce qui concerne la lutte anti-terroriste, elle doit surtout créer les moyens pour le financement à long terme de cette lutte. Elle doit veiller au maintien de certaines organisations former pour lutter contre l’insécurité comme le G5 Sahel.
Les changements anticonstitutionnels de gouvernements en Afrique
L’Afrique est confrontée à un problème qui est, si l’on peut le dire, de gouvernance politique et démocratique. Depuis l’avènement de la démocratie en Afrique à aujourd’hui l’instabilité politique et institutionnelle bat son beau record.
Les pays en Afrique touchés par ce problème sont de plus en plus nombreux. Sur cette liste nous avons le Mali, le Burkina Faso, le Tchad et la Guinée Conakry. Dans tous ces pays, l’on parle de mauvaise gouvernance, d’insécurité et bien d’autres paramètres.
La priorité est de résoudre le problème de la démocratie, il faut qu’elle soit bien comprise par les uns et les autres. Au besoin, il faut une réadaptation de la démocratie à la réalité africaine.
En définitive, la journée mondiale de l’Afrique doit permettre de faire des révisions profondes sur la trajectoire de l’Afrique. L’Union Africaine se doit de veiller à créer les conditions pour que l’Afrique s’affirme enfin sur le plan mondial. Il faut définir nos rapports avec chaque puissance qui demanderait un apport de l’Afrique.
Mamadou Diarra, analyste politique et sécuritaire.