La prise de Goma par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, le 28 janvier 2025, marque un nouveau chapitre dans le conflit meurtrier qui oppose la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Cette situation, qui semble être une répétition tragique des affrontements passés, soulève des questions cruciales : est-ce une simple rébellion, un conflit ethnique, ou bien une manifestation d’une lutte géopolitique ?
Un contexte historique chargé
En effet, les tensions entre la RDC et le Rwanda trouvent leurs racines dans un passé complexe et violent. Le génocide rwandais de 1994, qui a vu l’extermination de centaines de milliers de Tutsis, a provoqué un afflux massif de réfugiés hutus vers l’est de la RDC, alors appelée Zaïre. Cette situation a exacerbé les tensions ethniques préexistantes et nourri des conflits régionaux. Depuis, les deux pays ont connu des phases de coopération fragile, mais aussi de conflits ouverts, notamment la première guerre du Congo (1996-1997) et la deuxième guerre du Congo (1998-2003).
Des enjeux multiples et interdépendants
Les tensions entre la RDC et le Rwanda sont alimentées par plusieurs facteurs interdépendants. Il n’échappe à personne que la RDC possède d’énormes richesses minérales, dont le coltan, l’or et le diamant. Toutefois, le contrôle de ces ressources semble avoir alimenté des conflits locaux et régionaux. Le Rwanda, avec ses propres limitations en ressources naturelles, a souvent été accusé de soutenir des groupes armés dans l’est de la RDC pour exploiter ces richesses.
La RDC accuse régulièrement le Rwanda d’ingérence et de soutenir les rebelles du M23 et d’autres groupes armés, tandis que Kigali justifie son intervention par la nécessité de sécuriser ses frontières contre les menaces perçues, principalement celles des milices hutues. Toutefois, les enjeux géopolitiques au sein de la région des Grands Lacs compliquent la situation. Les grandes puissances, à travers leurs intérêts stratégiques, ont souvent pris position, parfois en soutenant des régimes au détriment de la stabilité régionale.
Réponses internationales insuffisantes
Malgré les nombreuses condamnations de la communauté internationale, notamment par le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Union africaine, les actions concrètes pour résoudre la crise restent limitées. Le manque de volonté politique des grandes puissances et les intérêts économiques divergents contribuent à cette inaction.
Conséquences humanitaires dévastatrices
Les enjeux militaires et politiques de cette crise se traduisent par des conséquences humanitaires dévastatrices.
Pendant que les grandes puissances tergiversent et que Kinshasa tempête, la population de Goma, elle, paie le prix du chaos. D’ores et déjà, des millions de personnes sont déplacées, la pauvreté et l’insécurité alimentaire augmentent, et des violations des droits de l’homme deviennent courantes. La population de Goma, prise entre les feux des luttes de pouvoir, subit de plein fouet les conséquences du conflit. Plus de 4 000 détenus ont fui la prison de Goma, et les bases de la Monusco, sous-équipées, deviennent des forteresses assiégées.
Selon des observateurs avertis, ces tensions entre la RDC et le Rwanda sont le reflet d’une complexité multifactorielle qui mélange histoire, politique, culture et économie, dont la recherche d’une solution durable exige une volonté pragmatique des dirigeants des deux nations. De même, un engagement renouvelé de la communauté internationale semble être urgent pour soutenir des initiatives de paix et de développement dans la région.
Un cycle de violence qui se répète
La chute de Goma témoigne de la difficulté de trouver une solution durable à cette crise. Les antagonismes entre les pays africains, la présence de groupes armés et l’impunité qui les protège contribuent à entretenir un cycle de violence.
Pour briser toutefois ce cycle de violence, la RDC et le Rwanda doivent s’engager dans un dialogue sincère et constructif en vue de trouver des solutions durables aux problèmes liés aux ressources naturelles, aux tensions ethniques et à l’insécurité. La communauté internationale a également un rôle essentiel à jouer en soutenant les initiatives de paix et de développement, en exigeant la fin de l’impunité et en encourageant une coopération régionale véritable.
Une honte pour l’Afrique ?
Le conflit en RDC est une tragédie pour l’ensemble du continent africain. Il met en évidence les défis de la construction d’un avenir commun, marqué par la paix et la prospérité. La situation actuelle semble être une injure au panafricanisme et à la solidarité africaine.
Par ailleurs, il est urgent que les dirigeants africains s’engagent à trouver des solutions pacifiques aux conflits qui minent le continent.
La chute de Goma est un rappel cruel de la fragilité de la paix en RDC et de la nécessité d’une action urgente pour mettre fin au cycle de violence. Il est temps que la communauté internationale se mobilise pour soutenir les initiatives de paix et de développement dans ce vaste pays d’Afrique Centrale et pour exiger la fin de l’impunité. Le destin du peuple congolais, et de toute la région des Grands Lacs, est en jeu.