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L’axe Pékin–Islamabad : Une alliance géopolitique

L’axe Pékin–Islamabad : Une alliance géopolitique

image d'illustration/Crédits photo : Saudi Press Agency

L’axe Pékin–Islamabad repose sur des fondations solides : une méfiance partagée à l’égard de l’Inde, puissance rivale dotée de l’arme nucléaire. La Chine et l’Inde se livrent une lutte d’influence ouverte en Asie, particulièrement dans l’Himalaya (Ladakh, Aksai Chin), tandis que le Pakistan et l’Inde restent engagés dans un conflit larvé, cristallisé autour du Cachemire.

À cette convergence stratégique s’ajoute un intérêt logistique majeur 

Grâce au port de Gwadar, développé par la Chine dans le cadre de la Belt and Road Initiative (BRI), Pékin bénéficie d’un accès direct à la mer d’Arabie. Ce couloir terrestre permet à la Chine de sécuriser ses routes énergétiques tout en contournant le détroit de Malacca, point névralgique vulnérable dans ses échanges commerciaux.

Mais Gwadar est aussi un maillon fragile. Situé dans une région désertique et instable, le Baloutchistan, il fait face à des insurrections séparatistes et à une forte contestation locale. Cette instabilité, conjuguée à une dette croissante du Pakistan envers la Chine, alimente des critiques sur une possible dérive néocoloniale du partenariat économique.

Coopération militaire et soutien diplomatique : un tandem asymétrique

Sur le plan militaire, la Chine est le principal fournisseur d’armement du Pakistan. Les deux pays ont codéveloppé le chasseur JF-17 Thunder, symbole d’une collaboration technologique stratégique. Pékin aurait également joué un rôle discret mais déterminant dans l’émergence du programme nucléaire militaire pakistanais dans les années 1990.

Sur la scène internationale, le soutien est mutuel : la Chine protège le Pakistan contre les initiatives indiennes à l’ONU, tandis qu’Islamabad soutient Pékin sur les dossiers sensibles du Xinjiang, de Taïwan et de Hong Kong. Ce front diplomatique commun illustre la volonté des deux pays de constituer un contrepoids à l’axe américano-indien, tout en affirmant leur vision d’un ordre international multipolaire.

Une alliance déséquilibrée 

Cependant, cette alliance reste déséquilibrée. Le Pakistan, en situation économique fragile, dépend largement des investissements chinois et de son soutien militaire. La Chine, quant à elle, tire un avantage stratégique de ce partenariat, sans pour autant s’exposer de manière frontale dans les conflits régionaux.

Islamabad entre solidarité islamique et escalade régionale

Un tournant majeur a été amorcé en avril 2024, lorsque le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, a publiquement déclaré que le Pakistan se tiendrait « derrière l’Iran » face aux frappes attribuées à Israël. Devant l’Assemblée nationale, il a appelé à une mobilisation générale du monde musulman, invitant les pays ayant des relations diplomatiques avec Israël à les rompre, et exhortant l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à élaborer une stratégie commune.

Ces déclarations placent clairement Islamabad dans un camp pro-iranien, au moment même où les tensions israélo-iraniennes risquent d’embraser la région. Pour certains analystes, cette prise de position pourrait transformer le Pakistan en acteur direct — ou du moins en soutien politique actif — dans un conflit régional élargi, impliquant également le Yémen (Houthis), le Hezbollah libanais et d’autres groupes armés.

La posture de la Chine : prudence diplomatique 

Face à cette montée des tensions, la Chine a adopté une posture prudente. Par la voix de son ministère des Affaires étrangères, Pékin a exhorté l’Iran et le Pakistan à la retenue, appelant à « éviter toute escalade » dans la région (Agence Anadolu, avril 2024). Cette approche reflète la volonté de la Chine de préserver ses intérêts économiques et diplomatiques avec toutes les puissances en présence — y compris Israël, les monarchies du Golfe, et l’Iran — sans s’aligner trop ouvertement.

La Chine cherche avant tout à stabiliser la région pour garantir la sécurité de ses routes énergétiques et commerciales. Son rôle de médiateur entre Riyad et Téhéran en 2023, salué par la communauté internationale, témoigne de cette stratégie d’influence discrète, mais constante.

Vers une reconfiguration régionale ?

L’approfondissement du partenariat sino-pakistanais, combiné au positionnement militant du Pakistan en faveur de l’Iran et de la Palestine, pourrait contribuer à une reconfiguration des alliances au Moyen-Orient. Si le Pakistan venait à s’impliquer militairement — directement ou par le biais de soutiens logistiques ou diplomatiques — dans un conflit régional, il est probable que la Chine en serait impactée, que ce soit par solidarité stratégique ou par nécessité de sécuriser ses actifs (notamment au Baloutchistan ou au Xinjiang).

Dans ce contexte, le duo Chine–Pakistan pourrait apparaître comme un pôle alternatif face à l’axe Washington–New Delhi–Tel-Aviv, redessinant les contours d’un nouvel équilibre des forces en Eurasie.

Les risques et la retenue tactique 

L’alliance sino-pakistanaise est plus que jamais un élément structurant de la géopolitique asiatique. Fondée sur des intérêts partagés, consolidée par des coopérations militaires et économiques, elle s’affirme désormais dans le champ de la diplomatie régionale et des enjeux moyen-orientaux.

En prenant position dans le conflit israélo-iranien, Islamabad pourrait entraîner une extension des tensions vers l’Asie du Sud, et potentiellement vers le cœur même des ambitions chinoises dans la région. Pour Pékin comme pour Islamabad, il s’agira alors de maintenir un fragile équilibre entre solidarité stratégique et retenue tactique, dans un monde où les lignes de fracture s’accentuent.

Issa Adamu pour L’Analyse de la semaine

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