Le Grand Nord s’impose désormais comme un enjeu central de la géopolitique mondiale, à la croisée des ambitions militaires, économiques et climatiques. La fonte accélérée de la banquise ouvre des routes maritimes stratégiques et rend accessibles d’importantes ressources naturelles, ce qui attise la compétition entre grandes puissances. Dans ce contexte, l’adhésion récente de la Suède et de la Finlande à l’OTAN redéfinit l’architecture sécuritaire de l’Europe du Nord et place l’Arctique au cœur des préoccupations occidentales.
Face à cette reconfiguration, la Russie renforce considérablement sa présence dans l’Arctique. Modernisation de la flotte du Nord, déploiement de bases militaires et démonstrations de force dans l’espace aérien nordique témoignent de sa volonté de conserver un avantage stratégique. En réponse, l’OTAN multiplie les exercices dans le Grand Nord, notamment avec le concours des pays nordiques et nord-américains. Le Canada, la Norvège et les États-Unis y jouent un rôle de plus en plus actif pour contrer l’influence russe dans cette zone.
Le sommet du G7 de 2025, dans ce contexte, a abordé pour la première fois la militarisation de l’Arctique comme une préoccupation stratégique commune. Sous l’impulsion du Canada et de la France, les dirigeants du G7 ont exprimé la nécessité de préserver l’Arctique comme une région de paix, de coopération scientifique et de développement durable. L’idée d’un mécanisme de surveillance multilatéral de l’espace arctique a été évoquée, afin d’éviter une escalade entre puissances nucléaires sur ce nouveau front de tension.
Par ailleurs, les membres du G7 s’inquiètent de l’absence de gouvernance efficace dans la région. Depuis la paralysie du Conseil de l’Arctique, causée par la guerre en Ukraine et l’isolement diplomatique de la Russie, les mécanismes de régulation multilatéraux sont affaiblis. Le G7 souhaite jouer un rôle moteur dans la relance d’une coopération arctique respectueuse de l’environnement, des droits des peuples autochtones, et de la stabilité régionale, dans un contexte de plus en plus instable.
En somme, le Grand Nord n’est plus un espace périphérique mais une zone-clé dans les équilibres du XXIe siècle. Le G7, conscient de cette évolution, cherche à intégrer les enjeux arctiques dans une approche globale de sécurité, de climat et de souveraineté. Sans action coordonnée, la région pourrait devenir un théâtre de confrontation durable entre puissances, avec des conséquences imprévisibles pour l’équilibre international.
Adama Sy, pour L’Analyse de la semaine