Le 6 avril, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé une mesure forte en rappelant leurs ambassadeurs en Algérie. Cette décision intervient après un incident survenu fin mars, où un drone de l’armée malienne a été abattu par les forces algériennes dans le nord du Mali, près de la frontière algérienne. Cette action a exacerbé les tensions entre les deux pays, déjà fragilisées par des divergences sur les enjeux sécuritaires et politiques dans la région du Sahel.
Dans un communiqué commun, les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont exprimé leur mécontentement, qualifiant l’attitude de l’Algérie de non-respect des principes de souveraineté nationale et de coopération régionale. Le communiqué souligne que l’incident représente un affront à la sécurité et à la stabilité des pays du Sahel, déjà confrontés à des défis majeurs en matière de lutte contre le terrorisme et de gestion des crises internes.
Le rappel des ambassadeurs s’inscrit dans un contexte de relations diplomatiques tendues. Depuis le coup d’État au Mali en 2021 et la montée des tensions avec les anciennes puissances coloniales, le pays, soutenu par le Niger et le Burkina Faso, a pris une direction plus affirmée dans ses relations internationales. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso (formant l’Alliance des États du Sahel) ont désormais des liens étroits de partenariat avec des pays comme la Russie, cherchant ainsi à diversifier leurs alliances face aux enjeux géopolitiques croissants dans la région.
En réponse à cette crise diplomatique, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a rencontré l’ambassadeur d’Algérie à Moscou, Boumediene Guennad. Cette réunion a permis de discuter des résultats des récentes consultations entre la Russie et les pays de l’AES, notamment celles tenues le 3 avril. Bien que ces discussions aient porté sur des questions régionales, elles témoignent du rôle croissant de la Russie dans les affaires sahéliennes et de son soutien à l’Alliance des États du Sahel dans ses efforts pour renforcer la sécurité et l’indépendance stratégique de la région.
Pour l’Algérie, ce rappel des ambassadeurs représente un nouveau défi diplomatique, au moment où le pays cherche à maintenir son influence dans la région. La position de l’Algérie est particulièrement délicate, alors qu’elle tente de préserver ses relations avec les pays voisins tout en se positionnant comme un acteur clé dans la résolution des crises régionales, y compris celles liées à la lutte contre le terrorisme.
Le climat de méfiance entre le Mali et l’Algérie, accentué par cet incident, souligne l’instabilité croissante dans la région du Sahel, où les enjeux sécuritaires, politiques et diplomatiques se mêlent et exacerbent les divisions. « Cet incident est d’autant plus grave qu’il ressort des conclusions de l’enquête que la destruction du drone a empêché la neutralisation d’un groupe terroriste qui planifiait des actes terroristes contre l’AES », a déclaré Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, à la télévision nationale.
Alors que le Mali, le Niger et le Burkina Faso cherchent à consolider leur alliance, la situation reste fragile et cette nouvelle données pourrait avoir des répercussions importantes sur la coopération régionale et internationale dans la lutte contre le terrorisme et pour la stabilité du Sahel.
Baba Touré, pour L’Analyse de la semaine – ADS