La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) tient ce dimanche 15 décembre 2024, son 66e sommet ordinaire des chefs d’États et de gouvernements, à Abuja, dans la capitale du Nigeria. Ce sommet, loin d’être ordinaire, devrait acter la sortie prochaine du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la Cedeao. Pour rappel, le Mali a été l’un des pays fondateurs de l’organisation.
Depuis plusieurs semaines, l’arrivée à échéance de cette sortie animent les échanges entre diplomates et médiateurs non officiels. Avec des objectifs finalement non belliqueux mais très tranchés : du côté des États de l’AES, il n’était plus question de revenir dans la communauté mais cela ne devrait pas impacter les rapports de bons voisinages entre l’alliance et la Communauté économique. Pour les diplomates et médiateurs de la Cedeao, l’objectif était de tout faire pour éviter une sortie des États de l’alliance dans la communauté économique.
Finalement, les acteurs diplomatiques et les médiateurs se sont résolus à porter ensemble le maintien des rapports de bons voisinages, car rien d’autre à ce jour, ne pouvait être gagné. Cette résolution non officielle couvre finalement le communiqué du collège des États de l’AES prononcé par le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop.
Les Chefs d’État de l’alliance ont pris des décisions fortes coupant ainsi court à toute forme de prolongement de la période d’avant-sortie pour les États de l’AES dans la communauté économique. Les décisions annoncées étaient très attendues de part et d’autre par les populations, les acteurs sociaux, économiques ainsi que les acteurs politiques, car elles concernent la circulation des personnes et des biens.
L’une des plus fortes, concerne le Visa. Les Etats de l’alliance n’appliquent pas de visa d’entrée et de séjour pour les ressortissants de la communauté économique sur le territoire de l’alliance.
La seconde, concerne l’établissement des ressortissants de la communauté économique sur le territoire de l’alliance. A ce titre, l’alliance n’appliquera pas de conditions pour l’établissement des ressortissants de la communauté économique sur le territoire de l’alliance pour créer des activités économiques.
La troisième concerne la circulation des véhicules personnels des ressortissants de la CEDEAO qui circuleront sur le territoire de l’alliance. À ce titre, l’alliance n’appliquera pas de conditions particulières. La quatrième concerne les véhicules de transport de personnes et de marchandises, à ce titre, l’alliance n’appliquera pas de conditions particulières également.
Par ailleurs, l’alliance met en avant deux exceptions majeures. Primo, elle compte refuser l’entrée sur son territoire à des personnes qu’elle décrira comme « dangereuses ». Secondo, en cas d’application par la communauté économique ou par un de ses États membres des mesures différentes et contraignantes, l’alliance appliquera le principe de réciprocité.
On retient en effet la volonté des Chefs d’Etats de l’alliance de miser sur le principe de « bon voisinage historique » comme file conducteur des nouvelles relations intercommunautaires et interétatiques entre l’alliance et la communauté économique mais aussi entre les États de l’alliance et les Etats de la communauté économique. Cependant tout n’est pas joué, il conviendra d’observer dans le communiqué final de la sommet de la communauté économique si l’apport diplomatique a été pris en compte.
Mahamane Issoufou (Niamey) pour l’Analyse de la semaine – ADS