Le Burkina Faso assure désormais la présidence du Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour un mandat de deux ans. Le ministre burkinabè de l’Économie, Aboubakar Nacanabo, succède à l’Ivoirien Adama Coulibaly à l’issue de la troisième session ordinaire de l’institution, tenue à Dakar. Cette passation, longtemps attendue, marque un tournant symbolique pour la cohésion de l’espace communautaire.
Par Issa Djiguiba – ADS le 06-10-2025
Il y a quelques mois, le passage de relais avait suscité des crispations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, sur fond de divergences politiques liées aux transitions militaires de l’espace sahélien. Le refus initial d’Abidjan de céder la présidence au représentant burkinabè avait entraîné la réaction des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), dont certains avaient boycotté une rencontre ministérielle de l’Union. L’accord trouvé à Dakar met ainsi fin à une période d’incertitude et confirme la volonté commune d’éviter une fracture institutionnelle comparable à celle vécue par la CEDEAO.
Au-delà du symbole politique, la session de Dakar a permis d’adopter plusieurs décisions majeures : le rapport de surveillance multilatérale pour le premier semestre 2025, les orientations économiques pour 2026, ainsi qu’une enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages. Les ministres ont également approuvé les comptes 2024 de l’Autorité des marchés financiers de l’UEMOA (AMF-UEMOA) et validé l’intégration des caisses de dépôts dans le tarif du CREPMF.
Pour les observateurs, cette présidence burkinabè représente un signal d’ouverture et de continuité. Malgré les changements politiques internes, le Burkina Faso affiche sa volonté de contribuer à la stabilité économique régionale et au renforcement du marché commun. Dans un contexte où les États de l’AES cherchent à redéfinir leurs relations avec les institutions ouest-africaines, ce retour de confiance au sein de l’UEMOA témoigne d’un pragmatisme nouveau, fondé sur la solidarité et le respect mutuel.