Bamako a saisi la Cour internationale de justice (CIJ) après la destruction d’un drone malien près de Tinzaouatène, point sensible de la frontière algéro-malienne. Cette démarche, inédite, ouvre un contentieux juridique aux répercussions diplomatiques et sécuritaires pour toute la région du Sahel.
Le gouvernement malien accuse les forces algériennes d’avoir détruit un drone de reconnaissance de ses Forces armées alors qu’il menait une mission de surveillance en territoire malien. Bamako considère cet acte comme une atteinte grave à sa souveraineté et affirme vouloir obtenir réparation par les voies du droit international. Dans ses communiqués, l’exécutif malien souligne que cet incident s’inscrit dans une série d’« actes hostiles » et va jusqu’à dénoncer « des complicités avec des groupes armés » attribuées à Alger. Une formulation lourde de sens dans un contexte régional marqué par la lutte contre le terrorisme.
L’Algérie, de son côté, rejette catégoriquement les accusations. Son ministère des Affaires étrangères estime que la saisine de la CIJ constitue « une tentative d’instrumentalisation » de l’organe judiciaire des Nations unies et annonce son refus de se prêter à une « procédure manœuvrière ». Selon Alger, Bamako chercherait ainsi à se défausser de ses propres responsabilités sécuritaires. La Cour, quant à elle, a rappelé que la requête ne pourra suivre son cours qu’avec le consentement explicite de l’Algérie.
Cette saisine inédite devant la CIJ ouvre un nouveau front diplomatique entre deux pays voisins déjà liés par une histoire complexe. Pour le Mali, elle constitue un signal fort : la volonté d’internationaliser un différend bilatéral en misant sur le droit. Pour le Sahel, cette judiciarisation traduit à la fois une fragilité diplomatique et le risque de tensions accrues dans une région où la coopération sécuritaire est jugée vitale. Les prochains développements diront si ce recours favorise l’apaisement ou accentue la méfiance entre Bamako et Alger.
Issa Djiguiba, pour l’Analyse de la Semaine -ADS