Depuis la semaine dernière, les autorités de la transition du Mali ont entamé une vaste campagne de vulgarisation du projet de nouvelle constitution. Après une traduction dans les 13 langues locales, en plus du français et de l’Arabe, les membres du gouvernement sont descendus sur le terrain pour expliquer point par point le contenu du projet de la nouvelle constitution de la République du Mali au peuple. Objectif, selon le gouvernement, permettre à chaque Malien de s’approprier du document afin de mieux guider son choix le jour du scrutin.
Après la rédaction, la finalisation et la validation du projet de la nouvelle constitution par le président de la transition, le Col. Assimi Goïta, place à la campagne de vulgarisation auprès de la population. C’est dans ce cadre que depuis la semaine dernière, le premier ministre, Choguel Kokalla Maïga et une grande partie de son gouvernement sont sur le terrain pour expliquer aux forces vives de la nation, le contenu de ce qui sera la norme nationale, une fois adopté lors du referendum du 18 juin prochain. Selon le gouvernement, cet exercice vise à expliquer, point par point, comme recommander par le président de la transition, les différents articles du document constitutionnel pour que chaque Malien puisse s’en approprier et par ricochet assumer son choix de bulletin le jour du scrutin.
Il faut noter que parmi ces grandes réformes proposées par cette constitution, certaines avaient fait l’objet de vives critiques avant les corrections de la commission de finalisation en vue de les adapter aux besoins et attentes de la population. De là, on peut citer entre autres, la question de la laïcité, la création de la deuxième chambre du parlement (Senat), la question des langues nationales, la double nationalité et la candidature à la présidence de la république ou encore les prérogatives du président de la république dans cette nouvelle constitution jugées trop exorbitantes par une grande partie de la classe politique et certaines organisations de la société civile.
Après un lancement en pompe avec les acteurs et professionnels des média, par le premier ministre, le Dr Choguel Kokalla Maïga, le lundi 15 mai 2023, successivement les hauts cadres de l’administration publique, des collectivités territoriales du commandement militaire, les mouvements et organisations faitières des jeunes et femmes, la classe politique ainsi que les organisation de la société civile ont reçu tour à tour la visite des membres du gouvernement afin de les édifier, de long en large, sur le contenu du projet. Pour l’occasion, toute l’équipe gouvernementale était sur le terrain mais le flambeau était tenu par le ministre en charge de l’Administration territoriale et de la décentralisation, le col. Abdoulaye Maïga et son homologue de la refondation de l’état, chargé des réformes politiques et institutionnelles, M. Ibrahim Ikassa Maïga à cause de leur lien directe avec la question.
Il faut noter qu’outre cette série de rencontre à Bamako et à l’intérieur du pays, le gouvernement a également traduit le projet de nouvelle constitution dans les 13 langues locales du Mali en plus de la langue française et Arabe. Une première dans l’histoire politique du Mali qui prouve que le peuple est au cœur des actions de la transition. Il faut rappeler que le projet de nouvelle constitution est une recommandation du peuple lors des Assises Nationales de la Refondation (ANR) tenues en décembre 2021. C’est également une réponse à plusieurs tentatives échouées par le passé.
Il faut savoir que dans sa politique, le président de la transition, le Col. Assimi Goïta a édicté trois principes qui définissent désormais la gouvernance du Mali et ses relations avec le monde extérieur. Il s’agit du respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques du Mali et la prisée en compte des intérêts vitaux du peuple malien lors de la prise de chaque décision concernant le Mali.
Des principes également mentionnés dans le projet de nouvelle constitution qui, une fois approuvé du referendum, obligera tous les dirigeants à avoir un œil regardant sur le rôle et la place du peuple dans sa politique de gouvernance.
C’est pourquoi au-delà de l’élaboration d’une nouvelle constitution cette campagne de vulgarisation se présente comme une étape clé de la transition, voire un test pour les prochaines réformes, notamment dans le cadre de la refondation de l’Etat.
Pour rendre plus inclusif le referendum, le gouvernement a élargi les documents de vote à toutes les pièces d’identité nationales au-delà de la carte d’identité biométrique désignée comme seul document au début. Cette réponse aux difficultés de confection et de distribution de la carte d’identité biométrique est, certes saluée par certains, mais décriée par beaucoup d’autres Maliens, plus particulièrement la classe politique qui signale un grand risque de fraude électorale.
Issa Garango, journaliste ADS