A côté des réformes politiques et institutionnelles, le secteur de la défense et de la sécurité n’entend pas rester en marge du processus de refondation de l’État en cours au Mali. Deux ambitieux projets, notamment la rédaction de l’histoire militaire du Mali et l’élaboration du document de politique de Sécurité nationale vont donner un autre souffle à la montée en puissance de l’armée malienne.
Certes tragique, la crise sécuritaire que vit le Mali depuis 2012 a été également une belle occasion de corriger d’énormes insuffisances dans son système de défense. Ainsi, conformément aux recommandations des Assises nationales de la Refondation (ANR), l’armée malienne en plus de l’acquisition de divers équipements sophistiqués s’est inscrite dans une dynamique de refondation de sa stratégie opérationnelle afin d’être désormais autonome dans toutes ses missions de reconquête du territoire, de sécurisation des personnes et des biens, de lutte contre le terrorisme et de la criminalité sous toutes ses formes.
Un défi, bien qu’incertain au début, mais que les forces de défense et de sécurité parviennent à relever grâce à une volonté politique manifeste et un accompagnement populaire. Depuis, le scepticisme commence à laisser place à la certitude que l’armée malienne est capable de relever les défis de l’insécurité. Des localités longtemps hors du contrôle de l’État central telles que Kidal, Ber, Aguelhok, Anéfif, In-Afarak ont été reprises et des opérations de dé-sanctuarisation ont été lancées sur plusieurs autres zones frontalières et au centre du pays.
Par cette détermination, l’armée malienne, en plus de laver l’affront du mythe décennal de Kidal, se positionne comme un exemple de force anti terroriste capable en toute autonomie de rechercher et détruire l’ennemi jusque dans son dernier retranchement.
Cependant, la hiérarchie militaire, à la suite de cette crise, est arrivée à la conclusion que l’affirmation d’un soldat sur le champ de bataille nécessite réunion de plusieurs facteurs dont les plus importants demeurent la reconnaissance du sacrifice et le soutien et l’accompagnement de ceux pour qui il se bat. Il était donc indispensable de laver le cliché réduisant les forces armées maliennes à une armée faible et impuissante et de reconnaître son rôle dans l’histoire du Mali. C’est dans ce contexte que les autorités de la transition malienne ont engagé dès février 2024, un ambitieux projet de rédaction de l’histoire militaire du Mali. Une initiative qui vise à retracer l’évolution de l’histoire militaire du Mali depuis les grands empires jusqu’à nos jours.
Sous la coupole du Secrétariat permanent du Conseil de Sécurité Nationale (SPCSN), ce travail concerne divers aspects de l’organisation militaire des empires et royaumes jusqu’à la période coloniale, en passant par la conquête coloniale et l’exploitation économique des territoires.
Convaincues de son importance, les autorités de la transition malienne ont investi d’importants moyens pour permettre à l’équipe de recherche de consulter des sources variées, écrites et orales partout au Mali et à l’étranger, notamment dans les archives du Sénégal, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Maroc, de l’Algérie, de la Turquie et des bibliothèques européennes.
A côté de la réécriture de l’histoire militaire du Mali, un autre projet d’élaboration du document de politique de Sécurité nationale a été également lancé afin de doter le Mali de dispositifs stratégiques de pointe, non seulement pour les opérations, mais aussi et surtout pour l’anticipation. Parmi ces documents figurent la Stratégie nationale de sécurité et le Guide d’élaboration des stratégies sectorielles et spécifiques.
La réfondation du secteur de la défense et de sécurité devrait permettre aux forces armées malienne de revisiter une glorieuse histoire qui s’inscrit dans la continuité.
I. D, pour L’Analyse de la semaine – ADS – contact@analysedelasemaine.com