Alors que les situations sécuritaire et humanitaire au Mali ne cessent de se volatiliser, en particulier dans les régions de Sevaré, Ménaka et du Centre, la Mission des Nations Unies (MINUSMA) peine à mener à bien ses engagements pour le maintien de la paix axé sur la protection des droit humains. Une situation qui irrite une bonne partie de la société civile.
En effet, la Minusma fait face actuellement à des campagnes de désinformation et des actions venant de certaine organisation de la société civile comme le Mouvement « Yereworo debout sur les remparts » pour le départ de la Minusma dans un bref délai. Il faut rappeler que la Minusma existe au Mali depuis un certain moment notamment, suite à la dissémination des menaces terroristes afin de parvenir à un climat apaisé au Mali et assurer une veille sur la protection des droits humains.
Ces embouchures font qu’elle fait face plus à une aventure périlleuse que propice. Comme le dirait certain, « Quand tu as toujours été l’ami de quelqu’un et qu’un jour ce dernier décide de s’investir dans une mission de dénigrement te visant, cela voudrait dire que votre amitié tend vers sa fin et qu’il ne faudrait pas forcer d’y rester à moins que vous voudriez tout perdre ». En effet, ce postulat trouve sens dans ce qui se passe actuellement entre les populations maliennes de certaines localités et la Mission Onusienne au Mali pendant ces périodes de regain terroriste.
MINUSMA, CIBLE D’UNE CAMPAGNE DE DESINFORMATION
Force est de constater que depuis la triple attaque qui a visé des installations militaires et l’aéroport de Sévaré, le samedi 22 avril dernier, la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) fait face à une intense campagne de désinformation et des appels à la haine. Selon des sources locales et internationales, c’est ainsi qu’après ces attaques, deux agents de la mission onusienne qui revenaient d’un déplacement ont été physiquement agressés. Bien qu’ils soient sortis indemnes, le véhicule à bord duquel ils étaient a été endommagé par des jets de pierres et d’autres types de projectiles par des manifestants en colère. Selon des voix dissidentes, ces derniers attribuent à la Mission la responsabilité de l’opération pourtant revendiquée par Al Qaida au Maghreb islamique. Selon certains, à chaque approche du renouvellement du mandat de la Mission, les attaques s’intensifient et d’énorme perte en vie humaine s’enregistre. Ce qui voudrait dire que la mission s’en sert pour légitimer ses engagements afin que son mandat puisse être renouvelé, voire d’imposer sa présence au Mali. Du coup, nous assistons à des mobilisations par-ci et par-là ; des mobilisations attestant le départ de la Mission du Mali pour diverses raisons, principalement l’échec de celle-ci à atteindre son objectif de maintien de la paix et de protection des droits de l’homme.
VERS UNE EXPIRATION DU MANDAT EN JUIN
En viseur de l’expiration du mandat de la MINUSMA, probablement en mois de juin prochain, le débat ne manquera pas sur la table du Conseil de sécurité des Nations Unies relatif à cette épineuse question. Certainement, plusieurs membres du Conseil s’interrogeront sur la pertinence de le modifier comme cela avait été tant sollicité par y compris la partie malienne et certains membres dudit Conseil suite à la non pertinence du mandat à caractère non offensif. Déjà, selon une source, le Gabon, le Ghana et le Mozambique seraient en train de plaider pour une augmentation des effectifs, un renforcement des stratégies de lutte antiterroriste, la mise à disposition de moyens de transport aérien et la levée des restrictions terrestres et aériennes. Pour le Royaume-Uni, le Conseil sera confronté en juin à des « décisions difficiles ». En l’absence de « signes visibles » de la part des autorités maliennes d’un engagement à respecter les paramètres fixés par le Secrétaire général, nous devons être prêts à adapter et à recentrer le mandat de la Mission, en examinant tout élément comportant des risques pour la crédibilité et la réputation de l’ONU, a souligné la délégation britannique. Ces paramètres démontrent à quel point la Mission fait et peut-être fera face à des situations délicates.
SENTIMENT ANTI-MINUSMA
Des Maliens accusent la mission onusienne d’être à l’origine des attaques jihadistes de ces derniers jours. Face à une telle argumentation, tout porte à croire que la MINUSMA joue plus sa crédibilité que parvenir à mener à bien sa mission. Pour ce faire, les populations des zones concernées n’ont pas manqué d’occasion de prouver leur mécontentement contre sa présence au Mali, avec pour argument, comme le Mouvement Yereworo Debout sur les Rampart : « La MINUSMA, n’est pas une ONG pour nous parler d’aide aux populations dans les zones de guerre, elle n’est pas non plus UNCHR pour nous parler d’Appui aux réfugiés qui ne sont que des conséquences de leurs propres actes ». Aussi, comme constaté dans la ville de Bamako et certaine région du Mali, une manifestation a eu lieu le 28 avril contre la présence des casques bleus au Mali. A cet effet, un célèbre animateur d’une radio de la place n’a pas hésité à appeler les Maliens à « s’en prendre aux installations de la mission afin de les détruire et les jeter au fleuve ». A noter que depuis un certain temps, la mission fait l’objet de nombreuses critiques au Mali. En octobre 2019, ses installations ont été saccagées et vandalisées à Sévaré.
Dans une telle dynamique, des marches pour le départ de la Force Onusienne ou de rester au Mali reste d’un important élément de réflexion pour les analyses. D’ores et déjà, Il est décisif de comprendre que l’arrivée de la MINUSMA au Mali ne s’est tout de même pas décidée elle-même. Elle a été couronnée par des accords en la matière entre les autorités politiques et celles des Nations unies. Ces processus sont faits sans l’aval des populations, donc vouloir le départ précipité de la Mission par des initiatives de rue, sans évoquer plus ou moins la dividende politique est un non-lieu. Certes la mission fera face à des difficultés, voire ses agents auront du mal à mener leurs actions, cependant elle continuera d’être là. A côté de la volonté sociale et il faut aussi la volonté politique pour avoir gain de cause à cette lutte. Selon la porte-parole de la mission onusienne, Fati Kaba, « la MINUSMA est déployée au Mali sur la demande des autorités maliennes pour appuyer les efforts de celles-ci ». La remplaçante d’Olivier Salgago ajoute que « si les appels à la violence continuent, cela pourrait être dangereux pour nos collègues, qui font un travail pour la paix et la sécurité ».
Le Mali aura-t-il la facilité de mener seul cette lutte dans une telle dynamique de rupture progressive ?
Seydou BAMBA, Analyste politique