Le sommet Russie – Afrique a pris fin le vendredi dernier à Saint- Pétersbourg. Lors de ce sommet, on aura vu la volonté de la fédération de Russie d’occuper une place prépondérante sur le continent africain. Le Président russe aura été clair quant à la position de la relation entre la Russie et le Mali.
Les relations entre le chef de la transition malienne et le président la fédération de Russie sont désormais des plus cordiales. Bien avant le récent sommet de Saint- Pétersbourg les deux nouveaux alliés avaient affiché un désir de collaboration plus ambitieux. Vladimir Poutine avait d’ailleurs été très facile avec le colonel Assimi Goïta avec notamment les transactions d’armes pour la sécurisation du pays et également de carburants et de céréales. Comme pour dire que cette proximité en vaut la peine. Le sommet de Saint- Pétersbourg aura permis de juger cette proximité. Les engagements signés entre le Mali et la Russie ont définitivement montré cette nouvelle alliance.
Le Mali tourne de plus en plus une page importante de son histoire
Longtemps sous influence française, on aura vécu ces trois dernières années une véritable et profonde crise politique et diplomatique entre l’ancienne puissance coloniale et l’ex colonie. Le coup d’Etat contre l’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Keïta aura été l’origine véritable, la plus récente de l’incompréhension entre les deux anciens amis. Finalement, rien n’aura facilité un apaisement. Entre la France qui condamne le coup d’Etat et fustige les militaires, auteurs du coup d’Etat, au pouvoir à Bamako et ces derniers qui brandissent la nécessité formelle d’une refondation de l’Etat et de la lutte contre l’insécurité, on aura assisté à une crise de « sens ». Comme un symbole, la tension n’a fait que monter et la crise diplomatique s’étend finalement vers une rupture complète des vieilles et fortes relations diplomatiques entre les deux pays. Et c’est bien la Russie qui semble tirer son épingle de cette incompréhension et de cette crise de sens.
Le Sahel et le Mali sont devenus des espaces géopolitiques
Alors même que la guerre en Ukraine bat son plein et que le géant Russe fait face à une guerre de pensée, de culture et de blocs, Vladimir Poutine continue à étendre son influence en Afrique francophone. D’abord, la République Centrafricaine et maintenant le Mali et le Burkina-Faso, la Russie étend clairement son influence dans une zone historiquement sous influence française. Et cela ne passera certainement pas encombre. Le Sahel est désormais une zone en guerre parce que la zone est devenue un espace géopolitique. Certainement l’un des espaces géopolitiques les plus importantes du 21è siècle.
La Russie ambitieuse et tentaculaire
Le rapprochement entre Assimi Goïta et Vladimir Poutine est en effet de plus significatif quant à sa finalité. En effet, les échanges ouverts entre les deux délégations au sommet de Saint- Pétersbourg ont permis de comprendre le rôle que la Russie veut accorder au Mali : un rôle de fer de lance. Le Mali est en effet en phase de devenir la porte d’entrée de choix de la Russie en Afrique de l’Ouest.
Est-ce réellement une opportunité pour le Mali ?
Les rapports plus que tendus avec ses partenaires occidentaux ne donnent pas d’autres choix aux militaires maliens au pouvoir à Bamako. C’est la Russie ou c’est la Russie. Alors, il faudrait effectivement voir cette tendance russophile du Mali comme avant tout un choix de nécessité qui est entrain de devenir une opportunité. Cependant les dés sont lancés mais le résultat reste un véritable inconnu. Si la Russie s’en sort positivement de la guerre en Ukraine, alors il est certain que la carte géopolitique et des influences changera. Le Mali devra alors prendre le soin d’entamer son virage russophile voir russophone. Si par ailleurs, la guerre est perdue par la Russie d’une manière ou d’une autre, ce sera une donne qu’il faudra également assumer.
Bekaye Koné, Analyste pour L’Analyse de la Semaine