En marge de la semaine Russe de l’énergie tenue du mercredi 11 au vendredi 13 octobre 2023, le Mali a signé avec l’agence nucléaire russe Rosatom un accord de coopération pour le développement de l’énergie nucléaire. Selon un communiqué de cette agence, ladite coopération s’articulera entre autres sur le « développement de l’infrastructure nucléaire du Mali », la « formation du personnel, des installations de recherche nucléaire et de l’énergie nucléaire » et la « sensibilisation du public » à cette énergie.
Au Mali, le problème de l’électricité demeure toujours une préoccupation majeure pour chaque responsable en charge de la question. Malgré l’apport et les propositions de chaque locataire du département de l’énergie et de l’eau, l’électricité reste toujours un caillou dans la chaussure du pouvoir central. Parmi les nombreuses préoccupations couramment exposées à la place publique lors des différentes manifestations figure en bonne place et toujours les délestages intempestifs qui rendent la vie insupportable pour les abonnés de la société énergie du Mali (EDM) au-delà des millions d’autres Maliens qui attendent pour y avoir accès. La profondeur du mal s’exprime déjà par la démission, le 31 mai 2023, du ministre Lamine Seydou Traoré, à la tête du portefeuille des Mines, de l’Énergie et de l’Eau depuis octobre 2020, alors qu’il avait lui aussi de grands projets pour la transition énergétique au Mali. Lamine Seydou ainsi que nombreux de ses prédécesseurs mettaient l’accent sur l’énergie solaire, « facile à développer », en raison de nombreux problèmes dans la distribution d’électricité dus pour la plupart à la mauvaise gestion, la vétusté du réseau, les difficultés financières auxquelles est confrontée depuis plusieurs années la seule compagnie nationale d’électricité EDM, privatisée vers les années 2000 frôlant les 600 milliards de F CFA de dette. En arrivant aux affaires, selon l’ex ministre Lamine Seydou, EDM avait près de 180 milliards de F CFA [près de 275 millions d’euros] de dettes d’exploitation, c’est-à-dire la partie due aux fournisseurs stratégiques de combustibles et aux achats d’énergie.
Si ce dernier misait sur les énergies renouvelables pour contourner l’épineuse question de la dette de la société Énergie du Mali (EDM), son successeur vise, de son côté, plus loin avec une marche sur l’énergie nucléaire. En effet, lors de la semaine Russe de l’énergie tenue du mercredi 11 au vendredi 13 octobre 2023, le Mali a signé avec l’agence nucléaire russe Rosatom un mémorandum sur le nucléaire. Un accord de coopération qui permettra de préparer le terrain du Mali pour les futures installations nucléaires. Il s’agit entre autres de « développement de l’infrastructure nucléaire du Mali », la « formation du personnel, des installations de recherche nucléaire et de l’énergie nucléaire » et la « sensibilisation du public » à cette énergie etc.
Même si cette démarche n’est pas une panacée qui permettra dans l’immédiat de résoudre la problématique de l’énergie au Mali, elle permettra tout de même à poser les jalons d’une politique énergétique à même d’assurer la souveraineté de pays en matière énergétique.
Lors de la même rencontre en Russie, le Burkina Faso a lui signé avec l’agence Rosatom, un mémorandum de construction d’une centrale Nucléaire. En signant ce mémorandum, le pays s’inscrit sur la liste des rare pays en Afrique à permuter vers le Nucléaire.
Depuis 1984, seul le pays de Nelson Mandela Afrique du Sud disposait du nucléaire en Afrique, mais en l’espace de quelques années, la Russie à travers l’agence nucléaire Rosatom est en train de renverser la donne en signant des partenariats nucléaires avec une dizaine d’autres pays africains.
Parmi ces pays candidats, l’Égypte est le plus avancé avec la livraison prévue en 2026 de 4 réacteurs nucléaires, notamment dans la commune d’El-Dabaa, à 300 kilomètres du Caire.
Successivement après lui, le Nigéria a signé en 2017 un accord de construction d’une centrale, le Soudan en 2018 et le Rwanda en 2019, avec son projet de centre de recherche sur le nucléaire dans le pays.
Issa Djiguiba, journaliste à L’Analyse de la semaine