Après la présentation du rapport 2019 de l’Office centrale de lutte contre la corruption (OCLEI) au Mali, on se rend bien compte du niveau de gravité de la corruption institutionnelle au Mali. Pour rappel, L’OCLEI est le point focal du Mali pour le Mécanisme d’examen de l’application de la Convention des Nations unies contre la corruption.
Ancêtre lointain de la Caisse des allocations familiales (CAF), créée le 25 janvier 1956 par un arrêté du gouvernement de l’Afrique occidentale française (AOF), devenue Caisse d’allocations familiales et des accidents de travail (CAFAT), l’Institut national de prévoyance sociale du Mali (INPS) portera ce nom en 1961 avec une prise en compte de l’assurance vieillesse dans la CAFAT.
Depuis 1961, le rôle fondamental de protection sociale de cette institution n’a cessé d’être réaffirmé. C’est le cas notamment dans la Constitution du 25 février 1992 dans le sens de déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Cependant, la grande ancienneté de cette institution ne l’a pas préservée d’une « très mauvaise » réputation, qui date déjà de bien des années. En effet, depuis le début des années 2000, l’INPS était déjà sujet de suspicions diverses et variées en termes de corruption.
L’extrême opacité dans la gouvernance de cette institution a toujours été pointée, mais jamais un dirigeant n’a été sérieusement inquiété. Un laisser-aller qui a donc conduit aux travers financiers décrits dans le rapport 2019 de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite. L’INPS, il faut le rappeler, assure la protection sociale de différents corps de métiers, en l’occurrence les travailleurs salariés, les indépendants, les non salariés des professions libérales, les artisans et les professionnels du secteur industriel contre différents types de risques, parmi lesquels les charges familiales, les accidents de travail, les maladies professionnelles, la vieillesse, l’invalidité ou encore les décès. Tout ceci fait de cet organisme un des gestionnaires publics les plus importants du pays.
La corruption des cadres « C’est grave, mais rien d’étonnant », c’est ainsi que nous a répondu un salarié qui a préféré gardé l’anonymat. Dans tout ceci, il convient de souligner, en effet, que ce sont les cadres de l’INPS qui sont désignés comme les principaux acteurs de cette corruption « institutionnalisée ». Le rapport 2019 de l’OCLEI indique : « Par ailleurs, il est apparu que la rémunération des trois premiers responsables (directeur général, directeur général adjoint et agent comptable) présente des déséquilibres par rapport à la rémunération des autres membres du personnel de l’INPS et des salariés dont les cotisations alimentent les ressources financières gérées par l’INPS. A titre d’illustration, le salaire du directeur général de l’INPS s’élève à 54 914 682 F CFA par mois. Le cumul annuel des rémunérations des 3 principaux dirigeants s’élève à 1 900 068 365 F CFA, soit 7% de la masse salariale totale de l’ensemble des 1 197 employés de l’INPS ».