Le Front commun de l’opposition, réunissant le PDCI et le PPA-CI, a offert ce samedi à Yopougon une démonstration de force marquant un moment fort dans un climat politique toujours tendu. Après plusieurs jours d’incertitude, les autorités ont finalement autorisé la manifestation, initialement prévue le 2 août mais reportée pour des raisons sécuritaires.
Sous un ciel menaçant, des milliers de militants ont convergé vers le tronçon Saguidiba–Place Ficgayo, brandissant drapeaux, pancartes et slogans contre un quatrième mandat du président Alassane Ouattara et pour une élection inclusive.
« On ne veut pas de 4e mandat, Alassane ! », « Trop, c’est trop ! » scandaient les manifestants, dans une ambiance mêlant chants, vuvuzelas et danses spontanées. Une commerçante du quartier, interrogée par un média local, résumait un malaise plus large : « Les planteurs sont fatigués. Nos produits ne sont pas payés, et en plus la vie est chère. Il y a quelque chose qui ne va pas dans ce pays », a-t-elle déploré.
Cette mobilisation intervient dans un contexte électoral déjà explosif. La Côte d’Ivoire se dirige vers une présidentielle prévue le 12 octobre, à l’issue incertaine, alors que les tensions s’accroissent. Les figures de l’opposition telles que Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam ont été radiées de la liste électorale, alimentant un sentiment de marginalisation chez leurs partisans. Cette exclusion, dénoncée par les intéressés, renforce un climat de pression où de nombreux militants dénoncent des arrestations arbitraires et « une justice instrumentalisée » à l’approche du scrutin.
Face à cette situation, l’opposition cherche à surmonter ses divisions pour fédérer ses forces. En août 2024 déjà, le PPA-CI, le GPS et le PDCI s’étaient réunis pour réclamer des réformes électorales et un dialogue national véritable.
À moins de deux mois de l’échéance présidentielle, le Front commun entend maintenir la pression. Ses leaders dénoncent ce qu’ils considèrent comme une tentative de verrouillage du pouvoir et exhortent les autorités à rouvrir le dialogue pour garantir une réforme électorale et un scrutin inclusif.
Issa Djiguiba, pour l’Analyse de la Semaine -ADS