Dans le cadre du renforcement de leur coopération militaire, le Mali et le Niger avaient fait le choix de se rapprocher récemment. Un court moment de concertation inédite qui a permis d’engranger des succès opérationnels sur les 800 km de frontière entre les deux pays.
En début mars dernier, le général Salifou Mody, ancien chef d’état-major général de l’armée Nigérienne avait été reçu à Bamako par son homologue malien, puis le président de transition, le colonel Assimi Goïta. Au centre des discussions, « la coopération en matière de sécurité » le long des plus de 800 km de frontière entre les deux pays, selon l’état-major nigérien.
Après cette visite, l’armée nigérienne avait affirmé avoir tué 79 « terroristes » lors d’une opération de ratissage dans l’ouest du Niger et jusqu’au Mali voisin, après le meurtre d’au moins 17 militaires nigériens en février. Une source sécuritaire avait qualifié « d’inédite » cette poursuite jusqu’en territoire malien.
Il faut rappeler que l’armée du Niger combat depuis une dizaine d’années les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique au grand Sahara (EIGS) dans l’Ouest et, dans le Sud-Est, ceux de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap). Dans sa lutte contre les jihadistes, Niamey bénéficie du soutien de plusieurs pays occidentaux, dont la France et les États-Unis, qui ont même des bases militaires dans le pays, mais cette forte présence étrangère, tout comme au Mali, peine à apporter les résultats escomptés.
C’est dans ce cadre que l’ancienne hiérarchie militaire du Niger a tenté de renouer avec le Mali qui sème actuellement la terreur au sein des troupes ennemies, de plus en plus acculées. Et ce malgré le retrait de la France et celui de l’Allemagne à venir.
Avec les récents changements au niveau de la hiérarchie militaire nigérienne, la dynamique offensive de coopération sécuritaire avec le Mali peut être sérieusement impactée, même si dans la logique, le partenariat avec un Etat s’inscrit dans la continuité. Une initiative qui devient encore de plus en plus irréaliste, surtout avec l’installation et le renforcement du dispositif militaire étranger sur le territoire Nigérien. Cela du fait que toutes ces forces étrangères sont hostiles au Mali suite à la nouvelle démarche de coopération affichée par le gouvernement de Bamako.
Toutefois, il est important de signaler qu’aucune initiative contre le terrorisme dans cette région du Sahel ne saurait porter fruits sans que les occidentaux ne jouent pas franc jeu et permettre que l’ensemble des pays du Sahel se donnent la main pour créer un cadre et une méthode de travail concertée contre l’ennemi commun.
Kadiatou CAMARA, journaliste