Initialement prévues en 2019, les élections locales doivent en principe se tenir en fin janvier 2022 au Sénégal. A cinq mois des échéances, une nouvelle coalition politique d’opposition voit le jour, mais sans le Parti démocratique sénégalais (PDS).
Après des mois de discussion, la nouvelle coalition politique d’opposition appelée « Yewwi Askan Wi » (« Libérez le peuple » en français) a été officiellement lancée le jeudi 2 septembre 2021 à Dakar. Elle regroupe plusieurs têtes d’affiche de l’opposition sénégalaise, excepté le Parti démocratique sénégalais (PDS) de l’ancien président Abdoulaye Wade. Il s’agit, entre autres, des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) d’Ousmane Sonko, de Taxawu Senegaal de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR) de Cheikh Mouhamadou Moustapha Sy.
Cette coalition vise à « faire bloc » et à « mettre un terme à la gouvernance du régime de Macky Sall ». A travers les élections locales de janvier prochain, cette coalition veut conquérir les conseils municipaux, départementaux et les sièges du parlement contrôlés par la coalition présidentielle depuis les élections de mars 2014. L’objectif est de « présenter une liste commune dans chaque commune et département et poursuivre cette collaboration jusqu’à la présidentielle de 2024 » (Le Monde).
Un bâton dans les roues de la coalition présidentielle
Elu en 2012, puis réélu en 2019, le président Macky Sall est soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat, après avoir fait ramener le mandat présidentiel à cinq ans au lieu de sept. C’est pourquoi, au-delà des élections locales, cette coalition s’est engagée à « poursuivre la dynamique unitaire » jusqu’aux élections présidentielles de 2024.
Certains poids lourds de la coalition de l’opposition étaient face à la justice avec des conséquences fâcheuses pour leur image et leur carrière. Il s’agit, entre autres, du député Ousmane Sonko accusé de viol et de Khalifa Sall, maire de Dakar révoqué de ses fonctions après sa condamnation en août 2018 à cinq ans d’emprisonnement pour « faux en écriture de commerce et escroquerie portant sur les deniers publics ».
Toutes ces affaires ont été qualifiées de complot du président Macky Sall pour les écarter de la scène politique. D’ailleurs, la candidature de Khalifa Sall à l’élection présidentielle de 2019 avait été recalée. Mais l’arrestation d’Ousmane Sonko, en mars 2021, avait déclenché de fortes violences au Sénégal avec plusieurs morts. C’est pourquoi, la nouvelle coalition exhorte de « voter des propositions de lois restaurant et garantissant l’ouverture démocratique, notamment en permettant à tous les leaders politiques de jouir de leurs droits civiques et politiques arbitrairement confisqués ».
Des leçons à apprendre des précédentes coalitions Malgré son appartenance à l’opposition, le parti de l’ancien président Abdoulaye Wade, le PDS, ne figure pas dans cette coalition. Les motifs évoqués par cette formation politique sont les « points de désaccords [qui] n’ont pas été résolus ». Dans un communiqué, le PDS a dénoncé « plusieurs jeux dans l’ombre ainsi que des subterfuges (…) qui plombent toute initiative de cette nature ». Mamadou Diop Decroix, un cadre du parti AJ/PADS, qui a décliné la main tendue de Khalifa Sall, a souligné un manque de temps afin de mieux tirer des leçons du passé (RFI).