L’Iran poursuit l’enrichissement de son uranium à un niveau proche de l’usage militaire (60%), en violation flagrante des limites imposées par l’accord de 2015 sur le nucléaire (JCPOA). Téhéran défend fermement son droit souverain à développer une technologie nucléaire à des fins civiles, tout en rejetant toute pression ou ingérence, notamment de la part des États-Unis.
Sur le plan national, le nucléaire est perçu comme un symbole d’indépendance stratégique et de prestige. Malgré les lourdes sanctions économiques qui affectent durement la population et affaiblissent l’économie, les autorités iraniennes restent inflexibles. Le guide suprême iranien a fait de cette question un pilier de sa résistance face à l’Occident.
À l’échelle régionale, la situation attise les tensions, en particulier avec Israël, qui redoute une militarisation du programme iranien et n’exclut pas l’option de frappes préventives. En parallèle, l’Iran consolide ses liens stratégiques avec la Russie et la Chine, espérant contourner son isolement économique et technologique pour continuer à développer son programme nucléaire civil.
Sur la scène internationale, la diplomatie est au point mort. Les discussions indirectes menées via Oman n’aboutissent à aucun compromis. L’Iran réclame la levée totale des sanctions économiques, tandis que les États-Unis exigent un arrêt immédiat de l’enrichissement. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), quant à elle, exprime de sérieuses préoccupations face au manque de coopération de Téhéran, alimentant ainsi les soupçons sur les intentions réelles du programme.
Le dossier nucléaire iranien demeure l’un des foyers les plus sensibles de la géopolitique mondiale actuelle. Il cristallise les ambitions de puissance d’un État, les rivalités régionales explosives et les blocages persistants de la diplomatie internationale. En l’absence d’un compromis rapide, le risque d’une escalade militaire reste élevé.
En 2023 et 2024, l’Iran aurait significativement augmenté le nombre de ses centrifugeuses avancées IR-6 installées dans les sites de Natanz et Fordo, augmentant ainsi sa capacité d’enrichissement rapide. Selon les derniers rapports de l’AIEA, l’Iran détient désormais plus de 100 kg d’uranium enrichi à 60 %, une quantité jugée préoccupante car techniquement proche du seuil requis pour la fabrication d’une arme nucléaire. Si cette matière n’a pas encore été transformée à des fins militaires, son accumulation rapproche Téhéran d’un « seuil nucléaire », c’est-à-dire d’une capacité potentielle à produire rapidement une arme si la décision était prise.
Parallèlement, plusieurs pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, expriment leur inquiétude croissante face à l’absence de progrès diplomatique. L’Arabie saoudite, tout en poursuivant son dialogue prudent avec l’Iran depuis la médiation chinoise de 2023, insiste sur la nécessité d’un mécanisme régional de sécurité nucléaire. De son côté, la France a récemment proposé un retour progressif à l’accord nucléaire, avec une levée partielle des sanctions en échange d’un gel de l’enrichissement à 60 %. Cependant, ni Washington ni Téhéran ne semblent prêts à faire des concessions majeures, laissant ainsi la crise dans une impasse stratégique inquiétante.
Issa Djiguiba, pour L’Analyse de la semaine – ADS