Les investissements directs marocains à l’étranger (IDME) ont connu une progression remarquable, passant de 7,36 milliards de dirhams en 2015 à 27 milliards en 2024. Cette multiplication par près de quatre reflète une dynamique d’internationalisation croissante des entreprises marocaines, qui cherchent à diversifier leurs marchés et à renforcer leur présence au niveau mondial.
Des destinations d’investissement concentrées en Europe et en Afrique
La France reste la principale destination des IDME, avec un montant de 13,68 milliards de dirhams, représentant plus de la moitié des flux sortants en 2024. Elle est suivie par l’Italie (3,36 milliards), le Mali (1,41 milliard), la Côte d’Ivoire et l’Espagne. Cette répartition géographique témoigne à la fois de la solidité des liens économiques avec l’Europe et de l’intérêt croissant pour les marchés africains.
Une prédominance du secteur industriel
Le secteur industriel concentre la majorité des investissements directs sortants, avec près de 73 % des montants, soit environ 19,83 milliards de dirhams. Les télécommunications (1,74 milliard), le secteur bancaire (1,32 milliard), les grands travaux, l’énergie et les mines complètent le classement. Cette orientation sectorielle traduit une volonté de structuration durable à l’international.
Intérêt stratégique pour les pays de l’AES
Parmi les destinations africaines, les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), comme le Mali et potentiellement le Burkina Faso ou le Niger, attirent une attention particulière. Le Mali, par exemple, figure dans le top cinq des pays récipiendaires des IDME. Cette présence marocaine peut être interprétée comme une volonté de maintenir un ancrage économique dans une région en recomposition politique, tout en soutenant des secteurs structurants dans ces pays.
Une empreinte marocaine croissante en Afrique
Au-delà des cas spécifiques, la stratégie d’investissement du Maroc sur le continent africain reflète une vision plus large : celle d’un partenariat Sud-Sud renforcé. Qu’il s’agisse des banques marocaines, des groupes industriels ou des télécoms, leur présence active contribue à renforcer les capacités économiques locales, à transférer des compétences et à créer des synergies régionales. Le Maroc se positionne ainsi comme un acteur central du développement africain, avec une diplomatie économique cohérente et proactive.
Perspectives et ancrage stratégique
Les données de l’Office des changes montrent également que certaines destinations, comme la Côte d’Ivoire et les Émirats arabes unis, enregistrent une régularité dans la réception des flux marocains, notamment dans l’industrie. Cette dynamique confirme l’intérêt stratégique de ces marchés pour les opérateurs marocains et ouvre des perspectives de développement renforcé à moyen terme.
Issa Djiguiba, pour L’Analyse de la semaine – ADS