Le secteur ferroviaire peut jouer un grand rôle pour la lutte contre la pauvreté, la coopération régionale et aussi le transport énergétique en Afrique. Comment ?
Aïcha Thiéro Yatabary/ MD, MPH, Affaires humanitaires et Coopération internationale. Présidente du Think tank « Construire un nouveau partenariat pour le développement durable en Afrique ».
14/10/2025
Ce secteur ferroviaire est important dans certains pays comme le Mali où la ligne ferroviaire transporte de nombreuses personnes de la région de Kayes à celle de Bamako, un axe d’une importance cruciale pour l’essor économique du Mali. Une région florissante comme Kayes, ouverte sur un pays comme le Sénégal, concentre de nombreuses activités économiques comme les activités minières, agricoles et artisanales. Le Mali se place au 109e rang mondial pour ses infrastructures ferroviaires avec 2,42 centimètres par habitant. Au total, le réseau ferroviaire mesure 593 kilomètres.
Le réseau ferroviaire sert aussi sur cette ligne au transport de marchandises comme le bétail. Le réseau ferroviaire peut constituer donc un levier d’échanges commerciaux entre les pays cités afin de contribuer au dynamisme de la région. Mais il fait face à de nombreux défis comme celui en lien avec son entretien, dans un contexte où les intempéries occasionnent de nombreux dégâts sur ces infrastructures.
Le principal problème en lien avec la construction de réseaux ferroviaires en Afrique demeure celui du financement. Le partenariat Public Privé peut apporter plusieurs réponses à cette problématique, car il fait intervenir des mécanismes originaux.
Apport de la BAD (Banque Africaine de Développement)
Des institutions comme la BAD contribuent depuis des décennies à la construction d’infrastructures de transport en Afrique, impliquant plusieurs acteurs comme d’autres institutions multilatérales. La Banque Islamique de Développement peut par exemple apporter des garanties pour la réalisation de travaux d’une telle ampleur.
La coopération avec des acteurs privés de pays émergents comme la Chine pour la réalisation de travaux, tel que cela est le cas actuellement au Mali, est intéressante.
Les Partenariats Public Privé (PPP) occupent de plus en plus le devant de la scène dans les débats sur les questions de développement.
On retrouvait déjà en Grèce et à Rome des modèles de construction de travaux publics et d’infrastructures basés sur le modèle de la concession, preuve que ce genre de partenariat n’est pas apparu aujourd’hui. Depuis l’Antiquité, l’homme y a eu recours et cette tendance s’est poursuivie dans les politiques publiques générales et en matière de santé.
Selon la Banque Mondiale, les PPP constituent : « Des dispositions, habituellement à moyen et long terme, entre les secteurs public et privé grâce auxquelles certains services qui relèvent de la responsabilité du secteur public sont administrés par le secteur privé, scellées par un accord clair sur des objectifs communs relatifs à la livraison d’infrastructures et/ou de services publics » (BANQUE MONDIALE et PPIAF, 2016).
Implication de l’Etat malien en termes de participation financière, pour la gestion et la maintenance des infrastructures
L’implication d’acteurs privés de pays émergents comme la Chine vise à éviter certains contrats déséquilibrés avec des pays développés qui exigent la neutralisation des risques par les Etats de leurs investisseurs privés. Cette neutralisation des risques implique une dette considérable pour les Etats à ressources limitées, parfois impossible à résorber.
L’Etat malien a également un rôle important à jouer pour l’entretien et la gestion de ces infrastructures.
Impliquer de nouveaux acteurs privés en faisant de cette ligne ferroviaire un moyen de transport du gaz et du pétrole peut être une perspective intéressante pour le financement et l’entretien de telles infrastructures. En effet, le réseau ferroviaire peut transporter jusqu’à 2000 tonnes de gaz et de pétrole.
Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale, 2016, « Le Guide de Certification en Partenariat Public Privé (PPP) », An Innovation, 196 p.