Saint-Pétersbourg a abrité les 27 et 28 juillet 2023, le deuxième sommet Russie – Afrique. A côté de la fameuse question sécuritaire, l’impact de la guerre Ukrainienne sur l’approvisionnement du continent en produits alimentaires et de première nécessité était également à l’ordre du jour. En réponse à la promesse de Vladimir Poutine de livrer des tonnes de céréales à six pays africains, le président de la transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré signale qu’il est temps que les africains se passent des importations extérieures.
L’Afrique dépend fortement des importations de produits alimentaires et de première nécessité d’autres continents. Le coronavirus et la crise Russo-Ukrainienne actuelle en sont une parfaite illustration.
Pendant que l’Afrique cherche, tant bien que mal, à se relever des répercussions socio-économiques de la pandémie de COVID-19, le conflit Russo-Ukrainien est venu complètement brouiller le peu d’espoir d’une reconnexion de la chaîne d’approvisionnement du continent en produits alimentaires et de première nécessité.
Les sanctions imposées à la Russie par les pays occidentaux, après le déclenchement de la crise Ukrainienne ont exacerbé ses flux commerciaux vers l’Afrique pendant que le pays demeure le plus grand fournisseur du continent assurant, lui seul, l’importante partie des besoins en blé.
Selon certaines statistiques, les importations de blé de l’Afrique ont augmenté de 68 % entre 2007 et 2019, pour atteindre 47 millions de tonnes. Aussi, la consommation de blé en Afrique devrait atteindre 76,5 millions de tonnes d’ici 2025, dont 48,3 millions de tonnes, soit 63,4 pour cent, seraient importées en dehors du continent. Parmi les plus grands importateurs de blé en Afrique, on note entre autres en Afrique du Nord (Algérie, Égypte, Libye, Maroc et Tunisie), le Nigéria en Afrique de l’Ouest, l’Éthiopie et le Soudan en Afrique de l’Est et l’Afrique du Sud qui représentent près de 80 % des importations de blé en Afrique.
Lors du deuxième sommet Russie Afrique, le président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine a promis à ses hôtes d’approvisionner six pays africains en céréales (blé), notamment le Burkina Faso, le Zimbabwe, le Mali, la Somalie, la République centrafricaine et l’Erythrée. « Dans les mois qui viennent, nous serons en mesure d’assurer des livraisons gratuites de 25 000 à 50 000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Erythrée » -t-il annoncé en marge du sommet. Tout en saluant cette bonne volonté du président du Kremlin, le président de la transition du Burkina Faso, Ibrahim Traoré a attiré l’attention de ses paires que c’est aussi un message fort à leur endroit. « Hier le Président Vladimir Poutine a annoncé l’envoi de céréales en Afrique. Nous sommes bien contents et nous lui disons merci pour cela. Mais aussi un message passé à nous chefs d’Etat africains parce qu’au prochain sommet, nous ne devrons pas venir ici sans avoir assuré pour ceux qui ne connaissent pas la guerre l’autosuffisance alimentaire à nos peuples. Nous devons prendre l’expérience de ceux qui ont pu atteindre cet objectif en Afrique, tisser de bonnes relations ici, tisser de meilleures relations avec la Fédération de Russie pour pouvoir répondre aux besoins de nos populations » a-t-il indiqué.
Si l’intervention du jeune capitaine est vue d’un œil « populiste » par certains observateurs, il faut admettre que la problématique qu’il a abordée n’est pas nouvelle dans les initiatives des dirigeants Africains. D’ailleurs, l’année 2022 avait été déclarée comme l’année de la nutrition avec pour principal objectif de renforcer la résilience de la sécurité alimentaire et nutritionnelle sur le continent. Une politique visant à augmenter la production, tout en remédiant aux faiblesses et vulnérabilités du continent aux différents chocs externes.
En plus du changement climatique qui menace plus de 38 millions de personnes par la faim en Afrique, l’insécurité et la rupture de la fourniture d’anglais pour approvisionner le peu de terre encore exploitable doit interpeler les décideurs du continent.
Il faut noter que la Russie est également l’un des plus grands exportateurs d’engrais au monde. Depuis le déclenchement de la crise entre la Russie et l’Ukraine, le prix de certains produits locaux ont également connu une hausse à cause du bouleversement du marché mondial d’où la nécessité et l’urgence de réduire la dépendance de l’Afrique aux autres continents.
Issa DJIGUIBA, journaliste à L’Analyse de la semaine – Nous contacter – @analysesemaine (Twitter)