Kidnappés en janvier 2025 près de la frontière entre le Burkina Faso et le Niger, quatre chauffeurs routiers marocains ont recouvré la liberté le 3 août au Mali. Leur libération met en lumière le succès d’une diplomatie sécuritaire efficace entre Bamako et Rabat.
Enlevés le 18 janvier 2025 par des éléments affiliés à l’État islamique dans la province du Sahel (ISSP), les quatre routiers ont été libérés grâce à une coordination entre les services de renseignement du Mali (ANSE) et du Maroc (DGED), a indiqué Bamako dans un communiqué officiel publié dimanche.
Selon plusieurs sources sécuritaires, les otages étaient retenus dans une zone difficile d’accès à la frontière burkinabé nigérienne. Leur libération, après six mois de captivité, constitue un soulagement pour leurs familles et un signal fort des capacités de dialogue et d’anticipation développées par les deux États.
Avant leur retour au pays, les ex-otages ont été reçus à Bamako par le président de la Transition malienne, le général d’armée Assimi Goïta, soulignant ainsi le rôle central joué par le Mali dans cette opération à haute valeur symbolique et politique.
Le Mali et le Maroc renforcent leur coopération sécuritaire contre le terrorisme
Cette libération s’inscrit dans un contexte de rapprochement militaire renforcé entre le Mali et le Maroc. En février 2025, une délégation militaire marocaine s’est rendue à Bamako pour signer avec l’état-major malien plusieurs accords de coopération, notamment dans les domaines de la formation, de la logistique et de l’échange de renseignements. Par cette opération stratégique, ces accords montrent déjà leur efficacité sur le terrain.
Pour mémoire, en avril 2023, des cyclotouristes marocains avaient également été enlevés dans cette même région instable. Et en février 2025, les autorités marocaines ont démantelé une cellule terroriste liée à l’EI au Sahel, prête à passer à l’action sur le territoire marocain. Ces épisodes confirment la nécessité de mutualiser les efforts de sécurité dans l’espace sahélien, face à des menaces transnationales de plus en plus complexes.
Cette opération n’est pas un cas isolé dans la région. Le Sahel a été, ces dernières années, le théâtre de nombreuses libérations d’otages, obtenues, souvent, à la suite de négociations discrètes entre services de sécurité et médiateurs non officiels.
Si ces initiatives illustrent l’agilité diplomatique des États concernés, elles posent également la question des contreparties, qu’elles soient financières, logistiques ou politiques.
La réussite de l’opération Mali-Maroc, tout en renforçant la coopération bilatérale, rappelle l’importance d’un équilibre entre fermeté stratégique et ouverture diplomatique face aux groupes armés.
Issa Djiguiba, pour l’Analyse de la Semaine-ADS