Depuis 2020, malgré la situation sécuritaire précaire du Mali, le gouvernement a tissé des partenariats avec les militaires russes du groupe Wagner. Ce qui a don- né un coup de pied dans la relation avec la France et l’Union européenne qui était déjà fragile.
Avec le récent déploiement du système de défense aérienne SA-22, les militaires russes font craindre le pire aux compagnies aériennes occidentales desservant le pays. Présent au sein même de l’aéroport de Bamako, la milice russe crée la peur jusque dans les cockpits d’Air France.
Ce jeudi, le premier syndicat de pilotes d’Air France a appelé ses adhérents à « exercer leur droit de retrait » pour ne plus voler vers Bamako en raison de la situation sécuritaire au Mali, a-t-il indiqué jeudi à l’AFP. Entre temps, la compagnie aérienne, qui effectue une rotation par jour entre Paris et la capitale malienne, a affirmé qu’« à ce stade, la desserte de Bamako est inchangée».
« Par une consigne syndicale, le SNPL Air France- Transavia invite ses adhérents, et les pilotes qui le souhaitent, à exercer leur droit de retrait afin de ne pas effectuer les vols à destination de Bamako, en l’état actuel des choses », a précisé le bureau du syndicat.
L’ALERTE DE LA FAA AMÉRICAINE
Cette déclaration intervient alors que l’agence américaine supervisant l’aviation (FAA) a récemment évoqué un « risque accru » pour les appareils commerciaux desservant ou survolant le Mali « à toutes les altitudes ». « Le Mali est le théâtre de combats, d’activités extrémistes, d’une détérioration de l’Etat de droit, d’une présence militaire étrangère de plus en plus importante, et de l’introduction d’un système de défense aérienne sophistiqué », avait expliqué la FAA dans un message accompagnant une « notice pour les missions aériennes ».
Selon nos observateurs, les pays occidentaux à travers leurs médiats tentent une fois de plus de créer la panique et l’effroi envers le groupe Wagner et le Mali. Ils semblent qu’ils veulent nous faire croire qu’il pleut des missiles dans le ciel malien ou que l’armée malienne ouvrait le feu sur tout ce qui passe dans son ciel.
Dans ces documents relevés cette semaine par le journal Les Echos, la FAA avait en particulier mentionné l’installation par le groupe russe de mercenaires Wagner de batteries de SA-22 «Pantsir», capable d’atteindre une cible distante de 36 km à une altitude de 15 km. Les avions commerciaux en vol de croisière évoluent à quelque 12 km d’altitude.
Nous savons que les avions commerciaux répondent à un certain protocole et qu’aucun avion ne rentre et sort sans être annoncé et identifié. Nous pensons qu’il n’y a pas lieu de paniquer. A moins d’avoir d’autres intentions que la sécurité de leurs appareils dont le personnel naviguant et les passagers.
AIR FRANCE ÉVALUE RÉGULIÈREMENT LES RISQUES
Air France a déclaré à AFP, suivre « en permanence l’évolution de la situation géopolitique des territoires qu’elle dessert dont le Mali afin d’assurer le plus haut niveau de sûreté et de sécurité des vols. La compagnie est en contact permanent avec les autorités locales et internationales, ainsi qu’avec la DGAC (Direction générale de l’Aviation civile, NDLR) française, compétente en matière d’autorisations de survol et de desserte ». « Celle-ci procède à une veille de la situation sur les zones de conflit et à une analyse régulière du risque, en partenariat avec la Commission européenne », a encore indiqué Air France.
La compagnie a noté que «la FAA américaine, de son côté, émet des recommandations, qui sont examinées avec le plus grand soin par tous les acteurs du secteur ». La DGAC a indiqué ne pas avoir de commentaire à faire.
La position de la France au Mali ne cesse de reculer. Sept mois après le retrait définitif des militaires de l’opération Barkhane, c’est Air France qui se voit mis en difficulté dans le pays en raison de l’aggravation de la situation sécuritaire. Nous estimons que le problème qu’Air France rencontre aujourd’hui n’est qu’une manœuvre politique visant à régler des comptes avec le gouvernement de transition malien et parallèlement avec le groupe Wagner qui est étroitement lié à la Russie.
Un comité social et économique (CSE) exceptionnel de l’établissement « exploitation aérienne » qui regroupe pilotes, hôtesses et stewards s’est tenu pour voter avis de danger grave et imminent sur la desserte et le survol du Mali et donc là aussi la possibilité pour les navigants d’exercer leur droit de retrait. De son côté, Air France n’entend pas changer la desserte de Bamako, la capitale du Mali, à l’heure actuelle. Celle- ci est actuellement desservie à raison d’un vol par jour en A350. La compagnie a déclaré : « Air France suit en permanence l’évolution de la situation géopolitique des territoires qu’elle dessert dont le Mali afin d’assurer le plus haut niveau de sûreté et de sécurité des vols. La compagnie est en contact permanent avec les autorités locales et internationales, ainsi qu’avec la DGAC Française, compétente en matière d’autorisations de survol et de desserte. Celle-ci, procède à une veille de la situation sur les zones de conflit et à une analyse régulière du risque, en partenariat avec la commission européenne. »
LA FRANCE CONNAIT DES REVERS DANS CERTAINES RÉGIONS D’AFRIQUE.
A l’ouest du continent, les populations sont animées par un sentiment anticolonialiste et anti-français très vivace. Un sentiment de défiance ressenti jusque dans les cockpits des avions d’Air France, notamment au Mali.
«Nous sommes dans un milieu extrêmement hostile. Le drapeau bleu, blanc et rouge sur la dérive est un symbole dans cette région. Nous ne découchons plus là-bas, c’est dire combien la crainte est réelle, les salariés s’y rendent avec la trouille,» déplore Thierry Oriol, membre du bureau du SNPL France ALPA et pilote Air France.
Nous pensons qu’il y a une exagération dans les deux sens. La partie française donne l’image d’être persécuté par la partie malienne qui a clairement pointé du doigt la politique française et occidentale à son égard. Toutefois le Mali et les maliens n’ont pas l’intention de s’en prendre aux français.
Le syndicat a appelé la semaine dernière, les pilotes à exercer leur droit de retrait, afin de ne pas se rendre à destination. Une consigne déposée par le SNPL mais qui n’a pas trouvé jusque-là écho au sein de la direction du transporteur.
Kadiatou CAMARA, journaliste.