Pour les ministres des affaires étrangères de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), cela ne fait plus aucun doute. Dans un courrier adressé au Président du Conseil de sécurité des nations Unies, le 19 août 2024, les ministres des affaires étrangères des trois Etats (je cite) « dénoncent et condamnent fermement le soutien ouvert et assumé du gouvernement de la République d’Ukraine au terrorisme international ».
La question essentielle outre ce courrier est la suivante : Le gouvernement ukrainien a-t-il participé d’une manière ou d’une autre aux violents affrontements autour de la ville de Tinzaouatène, dans l’extrême nord du Mali, entre les Forces armées maliennes (FaMA) d’une part et l’alliance entre les rebelles touarègues et les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) ? Oui pour le soutien à la rébellion si l’on se réfère aux propos du porte-parole du GUR, les renseignements ukrainiens Andriy Yusov. Selon le porte parole du GUR, les rebelles ont bénéficié d’ « informations utiles ayant permis des succès militaires contre les criminels de guerre russes ». A cette déclaration, il convient d’ajouter les informations communiquées par le journal français Le Monde, rappelé notamment par Radio France Internationale (RFI) affirmant que les rebelles touaregs maliens ont bénéficié de formations techniques notamment de petits drones artisanaux en Ukraine mais également au nord du Mali. Malgré le démenti teinté de la rébellion touarègue en réponse au propos du porte parole du GUR, il convient de noter qu’il ne s’agirait pas des premières révélations sur les activités militaires ukrainiens sur le sol africain. Des chercheurs, ainsi que des médias ont évoqué une présence notamment au Soudan.
Dans le cas malien, la question de l’implication ukrainienne dans le conflit opposant le gouvernement malien, les rebelles touaregs et les groupes terroristes pourrait être explosive pour le gouvernement ukrainien en Afrique notamment. En effet, l’alliance encore non officielle entre la rébellion touarègue malienne et les jihadistes du JNIM, est suffisamment problématique. Dans une région (Afrique de l’Ouest) fragilisée et exposée au terrorisme, les Etats encore peu impactés, sont exposés au phénomène et verraient d’un mauvais oeil un lien même indirect entre l’Ukraine et des rebelles ou encore des djihadistes. Pour rappel, les violents affrontements dans la localité malienne de Tinzaouatène, opposaient d’une part les FaMA et l’alliance entre les rebelles touarègues et les djihadistes du JNIM.
Dès lors, pour les autorités sahéliennes, il n’ya plus de doute sur la question du soutien du gouvernement ukrainien. Dans le dit courrier, les chefs des diplomaties des Etats de l’AES, je cite « demandent au Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités face aux choix délibéré de l’Ukraine de soutenir le terrorisme, afin de prévenir ces actions subversives qui menacent la stabilité du Sahel, voir du contient africain ».
A noter également qu’après les violents affrontements de Tinzaoutène et la déclaration du porte parole du GUR, le gouvernement du Mali et du Niger avaient rompu les relations diplomatiques avec l’Ukraine « avec effet immédiat ».
Issa Djiguiba, pour L’Analyse de la semaine