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Taïwan et le Vatican : entre prudence et espoirs

Le nouveau pape Léon XIV. Picture alliance/Getty Images

L’élection du pape Léon XIV (anciennement Robert Francis Prevost) suscite une attention particulière sur l’orientation que pourrait prendre la diplomatie vaticane en Asie, notamment dans ses relations avec Taïwan et la Chine. Successeur du pape François, Léon XIV hérite d’un dossier sensible : le maintien de l’accord signé en 2018 entre le Vatican et Pékin sur la nomination des évêques. Cet accord, censé établir un compromis, a souvent été bafoué par la Chine, qui a procédé unilatéralement à des nominations épiscopales, révélant ses intentions hégémoniques plutôt qu’un véritable esprit de dialogue.

Malgré ces transgressions, le Saint-Siège continue de privilégier le cadre de cet accord, qu’il perçoit comme le seul moyen de rester en lien avec les catholiques chinois. Cela ne signifie pas pour autant un abandon de Taïwan. Le Vatican, seul État européen à reconnaître officiellement Taïwan, maintient une posture diplomatique prudente : il distingue clairement les démarches d’apaisement avec la Chine d’une éventuelle normalisation des relations diplomatiques avec Pékin, qui impliquerait la rupture avec Taipei.

L’arrivée de Léon XIV n’indique pas pour l’instant de changement radical. Si certains observateurs ont interprété la présence de l’ex-vice-président taïwanais Chen Chien-jen à la messe inaugurale du nouveau pape comme un signe de distanciation, cela ne reflète en réalité aucune décision stratégique majeure. Les déclarations antérieures du cardinal Prevost témoignent plutôt d’une conscience aiguë des différences politiques et morales entre la Chine autoritaire et la démocratie taïwanaise, ainsi que d’un engagement clair en faveur des droits humains.

À ce stade, il est donc prématuré de tirer des conclusions sur l’avenir des relations entre le Vatican et Taïwan. Les prochains mois permettront de mieux cerner les intentions réelles du pape Léon XIV. Un renforcement des liens avec Taipei, même discret, serait interprété comme un signe fort en faveur des valeurs démocratiques. À l’inverse, toute évolution vers Pékin devra être analysée avec lucidité et prudence. En attendant, la retenue reste de mise, tant les dynamiques diplomatiques sont complexes et évolutives.

Ce repositionnement diplomatique ne concerne pas uniquement l’Asie. Il est scruté de près par plusieurs pays africains, où l’influence diplomatique et spirituelle du Vatican reste forte. Dans un continent où la Chine étend rapidement son empreinte économique et politique, certains États africains observent avec intérêt la manière dont le Saint-Siège équilibre foi, diplomatie et principes démocratiques. Une éventuelle inflexion vers Pékin pourrait être perçue comme un signal ambigu, en contradiction avec les valeurs que le Vatican défend dans ses dialogues africains sur la gouvernance, la justice sociale et les droits de l’homme.

Enfin, l’expérience missionnaire de Léon XIV, notamment en Amérique latine, et son intérêt pour les périphéries géographiques et sociales de l’Église peuvent également influencer ses choix à venir. Une politique vaticane cohérente, alliant fidélité aux engagements démocratiques et volonté de dialogue, renforcerait la crédibilité morale du Saint-Siège dans un monde multipolaire. Le cas taïwanais constitue ainsi un test symbolique et stratégique pour ce nouveau pontificat.

Delphine Tapsoba, pour L’Analyse de la semaine – ADS

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