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Tombouctou : Les manuscrits retrouvent leur sanctuaire après plus d’une décennie

Tombouctou : Les manuscrits retrouvent leur sanctuaire après plus d’une décennie

Tombouctou lors de la reception/ source image MACIHT Mali

Le lundi 11 août, plus de 200 caisses renfermant d’anciens manuscrits, soit environ 5,5 tonnes de précieux documents, ont regagné la cité des 333 saints à bord d’un vol spécialement affrété. Ce retour, à la fois symbolique et stratégique, a marqué la ville de Tombouctou et, au-delà, tout le Mali.

Inscrite parmi les grandes actions de l’Année de la culture décrétée par le président de la Transition, le général d’Armée Assimi Goïta, l’opération s’intègre dans un vaste processus de restauration culturelle et patrimoniale, après les ravages subis en 2012. Conservés à Bamako pendant la crise sécuritaire, ces manuscrits retrouvent aujourd’hui les réserves climatisées de l’Institut des hautes études et recherches islamiques Ahmed-Baba (IHERI-ABT), offrant des conditions optimales de conservation. Autorités administratives et légitimités traditionnelles y voient une étape décisive pour la stabilisation et la renaissance culturelle du pays.

Le ministre de l’Enseignement supérieur, Boureïma Kansaye, a salué « un acte de souveraineté et un devoir de mémoire envers notre histoire et les générations futures ». Il a rappelé l’importance de protéger ce patrimoine fragile contre les dégradations et les agressions passées. Le ministre de la Réconciliation nationale, le général Ismaël Wagué, a pour sa part exprimé l’espoir que ce retour contribue à ressouder le tissu social et culturel d’un Mali éprouvé par les crises.

Une histoire de plusieurs siècles

Les manuscrits de Tombouctou remontent pour beaucoup aux XVe et XVIe siècles, époque où la ville brillait comme un centre intellectuel et commercial majeur d’Afrique de l’Ouest. Conservés dans des bibliothèques familiales et publiques, notamment à l’IHERI-ABT, ils couvrent un large éventail de domaines : droit, théologie, médecine, astronomie, poésie… Autant de témoins écrits d’une Afrique savante, loin du cliché d’un continent uniquement oral.

La destruction partielle de ce patrimoine en 2012–2013 a marqué l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire culturelle malienne : 4 200 manuscrits ont été incendiés à l’IHERI-ABT et neuf mausolées historiques détruits. Grâce à une opération discrète menée par des bibliothécaires, l’ONG SAVAMA-DCI et des citoyens, des dizaines de milliers de documents ont été exfiltrés vers Bamako, évitant ainsi une perte irréparable.

Une reconnaissance internationale

L’attaque contre le patrimoine culturel de Tombouctou est devenue un symbole mondial. En 2016, la Cour pénale internationale a condamné Ahmed Al-Mahdi pour crime de guerre, marquant la première fois qu’une juridiction internationale sanctionnait la destruction de biens culturels.

Parallèlement, un travail de numérisation a été engagé grâce à des partenariats avec Google Arts & Culture et le Hill Museum & Manuscript Library (HMML), permettant aujourd’hui à des dizaines de milliers de pages d’être consultées en ligne. Le retour physique des manuscrits, conjugué à cet accès numérique, ouvre un champ inédit : offrir aux chercheurs et aux jeunes générations un accès direct à ces trésors tout en limitant la manipulation des originaux.

Au-delà du geste symbolique, cette réinstallation à Tombouctou pourrait devenir un moteur de développement local : formations spécialisées, centres de numérisation sur place, coopérations scientifiques et emplois dans la conservation. La sécurité reste toutefois un enjeu majeur, nécessitant un contrôle strict du climat, un stockage sécurisé, des plans d’urgence et une surveillance permanente.

Le retour de 2025 s’inscrit dans une continuité historique : celle d’un patrimoine qui a traversé les siècles, depuis l’âge des grandes caravanes jusqu’aux défis contemporains. Pour le Mali, c’est un pas décisif vers une souveraineté culturelle assumée, célébrée dans un contexte encore fragile mais porteur d’espoir.

Issa Djiguiba, pour l’Analyse de la Semaine -ADS

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