L'Analyse de la Semaine
Mon compte
  • MALI
  • SÉNÉGAL
  • SAHEL
  • AFRIQUE
  • INTERNATIONAL
  • NOUS
    • Devenir contributeur
    • Nous contacter
    • Á propos de nous
No Result
View All Result
L'analyse de la semaine

UEMOA : la Côte d’Ivoire refuse de céder la présidence au Burkina Faso

UEMOA : la Côte d’Ivoire refuse de céder la présidence au Burkina Faso

image d'illustration/Logo de l'UEMOA/ Google

L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) traverse une zone de turbulences. Attendue pour le 11 juillet 2025, la passation de service entre le ministre ivoirien Adama Coulibaly et son homologue burkinabè, dans le cadre de la présidence tournante du Conseil des ministres de l’institution, n’aura finalement pas lieu. Le refus catégorique de la Côte d’Ivoire de céder la main à son voisin en transition politique provoque un malaise inédit, qui risque d’exposer l’Union économique et monétaire au même sort que la CEDEAO.

Les renversements populaires ayant porté au pouvoir des régimes militaires au Mali (2021), au Burkina Faso (2022) et au Niger (2023) ont bouleversé toute l’architecture conventionnelle de l’Afrique de l’Ouest. Dénonçant l’ingérence occidentale et une gouvernance économique jugée déséquilibrée, les trois pays sahéliens ont quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2025. Ils ont ensuite formé l’Alliance des États du Sahel (AES), érigée en Confédération depuis juillet 2024. Près d’un an après, un scénario similaire semble se profiler au sein de l’UEMOA, à la suite du refus de la Côte d’Ivoire de transférer la présidence tournante du Conseil des ministres au Burkina Faso, conformément au calendrier prévu pour le 11 juillet 2025.

Abidjan invoque officiellement un souci de stabilité institutionnelle. Mais pour de nombreux observateurs, dans un contexte marqué par des bouleversements géopolitiques profonds en Afrique de l’Ouest, ce refus va bien au-delà d’un simple report administratif. Il révèle les profondes divergences idéologiques qui opposent désormais les États sahéliens à leurs voisins du golfe de Guinée.

La posture de l’AES, axée sur une souveraineté monétaire, sécuritaire et diplomatique assumée, s’oppose à celle d’une Côte d’Ivoire accusée de rester arrimée à la stabilité du franc CFA et à ses partenaires traditionnels, notamment la France et l’Union européenne. Pour un diplomate ouest-africain basé à Dakar, « permettre à un pays comme le Burkina Faso, aujourd’hui en rupture de ban avec les institutions traditionnelles, de présider l’UEMOA, reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore. »

La BCEAO au cœur du malaise

Au centre de cette divergence se trouve la gestion de la politique monétaire régionale, assurée par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), souvent critiquée pour son alignement sur les intérêts de la France. Une éventuelle présidence burkinabè aurait pu remettre en question les règles tacites qui régissent les opérations financières, les accords de coopération monétaire, voire le projet de réforme du franc CFA. Comme l’a déclaré un analyste nigérien proche de l’AES :

« L’UEMOA et la BCEAO sont des instruments de domination au service d’intérêts extérieurs. »

Une telle orientation serait difficilement conciliable avec la vision économique d’Abidjan et de ses partenaires, qui privilégient la continuité et la stabilité des cadres existants.

Vers une nouvelle fracture dans la sous-région ?

Ce blocage remet en lumière la fragilité des mécanismes de gouvernance collective en Afrique de l’Ouest. Déjà affaiblie par les retraits successifs de la CEDEAO, la région pourrait assister à une nouvelle segmentation, cette fois au sein même de l’UEMOA. Si aucune solution consensuelle n’est trouvée dans les jours à venir, la légitimité de l’Union pourrait être gravement écornée. Pire encore, l’institution pourrait devenir le prochain champ de bataille institutionnel entre les défenseurs du statu quo et les partisans d’une refondation radicale de l’intégration régionale.

Pour l’heure, aucune médiation formelle n’a été annoncée. Mais certains pays, à l’image du Togo ou du Sénégal, pourraient jouer un rôle de passerelle pour éviter une escalade. La balle est désormais dans le camp des chefs d’État de l’UEMOA, appelés à arbitrer ce différend dans un climat déjà électrique.

Issa Djiguiba, pour l’Analyse de la Semaine

  • MALI
  • SÉNÉGAL
  • INTERNATIONAL
  • AFRIQUE
  • SAHEL
  • Devenir contributeur
  • Á propos de nous
  • Nous contacter
Nous contacter

© 2025 Analyse de la semaine

No Result
View All Result
  • MALI
  • SÉNÉGAL
  • SAHEL
  • AFRIQUE
  • INTERNATIONAL
  • NOUS
    • Devenir contributeur
    • Nous contacter
    • Á propos de nous

© 2025 Analyse de la semaine